Un éleveur mayennais condamné pour privation de nourriture et de soins, son troupeau confisqué
Un agriculteur mayennais de 50 ans a été condamné jeudi par le tribunal correctionnel de Laval à des amendes et à la confiscation de son cheptel d'une centaine de vaches. Les services vétérinaires ont constaté de graves manquements. La fondation Brigitte Bardot parle de maltraitance animale.
Un éleveur mayennais a été condamné par le tribunal correctionnel de Laval ce jeudi 22 août, notamment pour privation de nourriture ou d'abreuvement et privation de soin sur ses animaux. Son troupeau d'une centaine de vaches, confié depuis mai à deux associations (la Fondation Brigitte Bardot et OABA), lui a été confisqué. Il doit également payer de nombreuses amendes contraventionnelles et dédommager les parties civiles.
C'est la troisième fois que cet éleveur de 50 ans, né à Ernée, se retrouve devant la justice. Il a déjà été condamné deux fois pour détention de cadavres de bovins non signalés à l’équarrissage. Son exploitation de vaches allaitantes se situe sur les communes de Saint-Mars-sur-la-Futaie et St-Berthevin-la-Tannière.
Des vaches squelettiques
Jeudi, tout le procès a tourné autour d'un mot : le déni. Le mot est lâché par les services vétérinaires, et repris par le procureur. "Nous l'avons plusieurs fois averti mais il n'a pas changé son comportement" regrette la cheffe du service protection animale des services vétérinaires. Ses équipes dressent le même constat, lors de chaque visite ou presque : une partie des vaches squelettiques, pas assez d'eau ni de foin, et des cadavres régulièrement retrouvés au beau milieu des pâtures. En janvier 2019 par exemple, la vétérinaire constate quinze vaches "en état de misère physiologique", c'est à dire squelettiques.
"Les photos parlent d'elles même : il y a clairement souffrance animale et maltraitance" estime l'avocate de la fondation Brigitte Bardot, partie civile au procès. L'éleveur se défend : "J'aime mes vaches. Perdre des animaux, ça me rend malheureux !" Il reconnaît tout de même des lacunes, notamment sur le manque de nourriture l'hiver. Mais selon lui, les services vétérinaires "ne prennent jamais de photo quand les abreuvoirs sont remplis."
Le troupeau confié à des associations
Pour expliquer le nombre important de vaches mortes, il évoque des voisins qui lui en veulent : des gens avec des capuches auraient été vus dans ses parcelles. La juge l'interrompt : "Et ils ont fait quoi, ces gens, des liposuccions à vos vaches pour les rendre maigres ?"
Au tribunal, tout le monde est d'accord, même son avocat : cet agriculteur doit changer de métier. Lui-même assure qu'il voulait arrêter d'ici la fin de l'année. "Il a tout donné dans ce métier, il a mis du cœur à l'ouvrage, ça l'a aveuglé" reconnaît son avocat. Mais selon lui, la confiscation du cheptel, évalué à 80.000 €, l’empêche de vendre ses bêtes et donc le met en grande difficulté financière.
"J'entends bien qu'il faille prendre en compte le bien-être animal, poursuit-il, mais il faut aussi considérer la vie de cet homme de 50 ans, qui n'a aucune formation autre qu'agricole, est désormais hébergé par ses parents, et doit démarrer une nouvelle vie. Cette sanction me semble disproportionnée. Surtout qu'il n'a jamais voulu faire souffrir les animaux." Il envisage de faire appel.
L'éleveur a par contre été relaxé au cours du procès du délit de détention de cadavre sans déclaration : son avocat a prouvé qu'il avait bien fait appel à l'équarrissage la veille de la découverte par les services vétérinaires de quatre cadavres sur son exploitation, en avril 2019.