Aid el-kébir: 300 moutons sauvés par la Fondation Brigitte Bardot
Un animal ne peut être mis à mort en dehors d’un abattoir, c’est le message qu’ont tenu a rappeler les services vétérinaires des Bouches du Rhône, à l’occasion des sacrifices de l’Aïd el-Kébir. A travers une vaste opération de répression, coordonnée par la Préfecture de police et débutée il y a plus d’un mois, les interventions se sont concentrées toute la journée de lundi sur les lieux d’abattage clandestins pour sanctionner les délits et, le cas échéant, confisquer les animaux. La Fondation Brigitte Bardot a recueilli les rescapés.
Ils pensaient égorger leurs moutons en toute impunité, les forces de l’ordre en ont décidé autrement. Plusieurs dizaines de particuliers ont été interpelés lundi, dans la région de Marseille, dans le cadre de procédures pénales visant à sanctionner les abattages clandestins lors de l’Aid el-Kébir. S’il est strictement interdit de procéder soi-même à l’abattage d’un animal, la communauté musulmane bénéficie toutefois d’un dispositif exceptionnel pour répondre à l’afflux de moutons sacrifiés sur la période. 120 000 moutons et 6 000 bovins sont mis à mort chaque année, d’après les chiffres du ministère de l’Agriculture.
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Outre l’exception d’abattage sans étourdissement, accordée toute l’année à titre dérogatoire aux abattoirs pérennes, des sites temporaires agrées par l’Etat sont également mis en place. Pour autant, les sacrifices clandestins sont hélas loin d’être marginaux. Une circulaire de juillet 2016 du ministère de l’Intérieur demande d’ailleurs aux Préfets de « renforcer les contrôles » et d’appliquer les sanctions « avec la sévérité la plus grande ». Une peine de 30 000 euros d’amende et de deux ans de prison fermes peut être prononcée au titre d’« acte de cruauté envers un animal » (article 521-1 du Code pénal).
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Un jour de deuil et de souffrance pour Brigitte Bardot
Lorsque la Fondation Brigitte Bardot l’a recueilli, il était ligoté dans le coffre d’une voiture. Cet agneau de quelques mois aurait pu connaitre un tragique destin. Son propriétaire, accosté par les forces de l’ordre au cours d’un contrôle routier, s’apprêtait à l’égorger. C’est sans compter sur l’aide apportée par la Fondation qui s’est proposée de lui offrir une retraite bien méritée. 150 autres moutons (et quelques chèvre) ont également pu être sauvés.
« Pour moi l’Aïd est un cauchemar, un jour de deuil et de souffrance » s’émeut Brigitte Bardot, contactée par notre rédaction. « Ma Fondation a sorti de l’enfer des centaines de moutons mais je pense aux milliers d’autres, terrorisés, sacrifiés sur des balcons, dans des caves ou des baraques de chantier. » Cisaillés à la gorge sur de vulgaires palettes de chantier, dans une souffrance qu’on peut aisément imaginer, les procédé d’abattage sans insensibilisation est actuellement remis en cause au niveau national dans le cadre de l’exception prévue pour l’abattage rituel. Une proposition de loi déposée par le député Jacques Lamblin (Les Républicains), co-signée par des députés de la majorité et de l’opposition, demande l’obligation d’étourdissement des animaux en toute circonstance. Le texte s’appuie sur l’avis de l’Ordre national des vétérinaires qui a pris position contre l’abattage rituel le 24 novembre 2015, comme l’avait fait en 2006 la Fédération Vétérinaire. Elle précisait alors qu’« abattre les animaux sans étourdissement préalable est inacceptable, quelles que soient les circonstances. »
Ni un pilier de l’Islam, ni une obligation !
Des sacrifices nécessaires ? Pour Soheid Bencheikh, mufti de Marseille de 1995 à 2005, « L’Aid el-Kébir n’est ni un pilier de l’Islam, ni une obligation ». Une position que confirment des intellectuels comme Tariq Ramadan, ou encore l’imam Al-Hafiz Basheer Ahmad Masri qui rappelle dans son ouvrage « Les animaux en Islam » que que le sacrifice d’un animal peut être remplacé par un don aux déshérités.
« Tuer [des animaux] est devenu un rituel vide, et le sens profond [de l'acte] a été oublié. (...) Ne pas être cruel envers les animaux, ou même faire preuve d'une bienveillance condescendante à l'égard de nos soi-disant "inférieurs", cela n'est que formulation négative. L'Islam demande que nous pensions et agissions de façon positive, en admettant les diverses espèces comme autant de communautés semblables à la nôtre, ayant leurs propres droits, et en ne les jugeant pas selon nos critères humains et nos échelles de valeurs (…) En fait, l'Islam est tellement concerné par la compassion pour les animaux que l'on peut se demander après tout pourquoi il nous a autorisés à les tuer pour notre nourriture. » A ce titre, Brigitte Bardot déclare : « Tuer un agneau c’est tuer l’innocence, il n’y a rien de festif à égorger un être sensible, c’est un crime qui doit être puni. ». Près de 300 moutons auront été sauvés par sa Fondation au cours des sacrifices.