Colliers de dressage encore sur le marché : la Fondation Brigitte Bardot interpelle le Sénat
Alors que les députés ont voté dès 2023 l’interdiction des colliers de dressage, considérés comme de la maltraitance animale, ceux-ci restent toujours en vente. La Fondation Brigitte Bardot appelle le Sénat à sortir de son silence et à mettre enfin ce texte à l’ordre du jour.
"Monsieur le Président,
Si la Fondation Brigitte Bardot a décidé de prendre la plume aujourd'hui, c'est dans l'espoir que vous redonniez au Sénat le courage qu'il semble avoir perdu lorsqu'il doit se pencher sur la condition animale.
Comme vous le savez, le 16 janvier 2023, les députés ont voté à la quasi-unanimité - 111 voix contre 5 ! - l'interdiction de l'utilisation et de la cession (vente et don) des colliers de dressage étrangleurs, électriques et à pointes. Ambitieuse et novatrice, cette proposition de loi avait été portée par la députée Corinne Vignon – que nous remercions une nouvelle fois pour son courage ! - en collaboration avec la Fondation Brigitte Bardot.
Satisfaits de voir enfin un grand pas en avant réalisé, notre confiance en la classe politique avait repris quelques couleurs. Fort de sa belle adoption à l'Assemblée nationale et des signaux plus que positifs envoyés par le ministre de l'Agriculture de l'époque, Marc Fesneau, nous avons guetté l'arrivée de ce texte au Sénat. Or, deux années se sont écoulées depuis et...toujours rien ! Pareils au chien qui se reçoit à longueur de journée des décharges électriques et qui perd confiance en l'Homme qu'il est censé aimer, notre patience s'est effritée.
Nombreux sont les sénateurs qui, comme vous, sont ou furent vétérinaires. Le souci du bien-être tant physique que psychique d'un animal est au centre même de cette belle et vénérable profession ! Vous savez donc toute l'importance que revêt cette proposition de loi et n'ignorez pas les conséquences bénéfiques indéniables qu'emporterait avec elle son adoption définitive.
Le rapport réalisé à cet effet par Madame la Députée Corinne Vignon expose très clairement « les souffrances physiques et psychiques » induites par ces colliers et qui justifient leur interdiction. Un constat partagé par plusieurs rapports scientifiques et conforté par les différentes auditions menées. Celles-ci ont sans conteste prouvé que leur utilisation avait des « effets contre-productifs en matière d'éducation » et qu'ils favoriseraient même les comportements qu'ils prétendent empêcher créant ainsi des difficultés supplémentaires en terme d'ordre et de sécurité publics.
La navette parlementaire étant à l'heure actuelle entravée, ces colliers de ''dressage'' continuent d'être commercialisés et utilisés en France. Un commerce qui perdure malgré les blessures physiques engendrées (douleur, écrasement de la trachée, pression intracrânienne, exophtalmie et pression intraoculaire pouvant conduire à la cécité etc...) et la détresse psychique provoquée (stress, inhibition, état phobique et anxieux, automutilation...). Des conséquences qui, comme vous le savez, entraînent un risque accru de réactivité et donc de morsure.
Comme c'est bien souvent le cas – et nous ne cesserons jamais tant de le regretter que de le dénoncer -, notre pays apparaît une fois encore comme un mauvais élève face à ses voisins. Considérée comme de la maltraitance, l'utilisation de ces colliers est interdite ou strictement réglementée au Danemark, en Australie, en Allemagne, en Suisse, en Autriche, en Slovénie, en Angleterre, en Finlande, en Suède, en Écosse ainsi que dans certaines provinces canadiennes.
Qu'attend la France pour suivre leur exemple ? Qu'attend le Sénat pour enfin mettre à l'ordre du jour ce texte ?
Nous avions salué cette avancée en faveur de la lutte contre la maltraitance animale enclenchée par les députés. Mais aujourd'hui et alors que les attentes sociétales sont de plus en plus fortes en la matière, la Chambre Haute manque encore à l'appel en préférant rester sourde. Qu'importe les accusations de conservatisme, les sénateurs dont vous avez la charge semblent leur accorder leur préférence au détriment d'un signal fort de progrès, d'humanité et de bon sens.
Pourtant, Monsieur le Président, il n'est pas trop tard. En votre qualité de deuxième personnage le plus important de l'État, vous avez les capacités de bousculer les lignes. Désormais, il vous faut en avoir la volonté...
Veuillez croire, Monsieur le Président, en nos sentiments respectueux. "
Adriana Oancea Negro
Directrice des affaires publiques et internationales