Depuis décembre 2018, les riverains de cette petite bourgade, située en bout de piste de l'aéroport de Tarbes et voisine de l'entreprise de déconstruction d'avions T.a.r.m.a.c, se sont, en effet, constitués en association afin de faire invalider ce projet de ferme aux 3 000 porcs. No Porcharan. C'est le nom de cette association citoyenne qui fait explicitement référence au slogan espagnol No Pasaran (Ils ne passeront pas). Et c'est bien le but de ces plus de 400 membres de ne pas laisser passer un tel projet dans leur village agréable et dynamique.
Deux écoles, un restaurant, une pizzeria, des coiffeurs, deux boulangeries, le centre bourg d'Ossun est animé en ce vendredi. Les températures printanières n'y sont pas pour rien.
Une ancienne porcherie abandonnée
Une fois le cœur de la commune passé, il faut emprunter une longue départementale, quelques virages en lacets, le centre équestre dépassé et nous y sommes. Là, sur le bord de la route, un grillage rouillé avec un permis de construire. Bénéficiaire : So'Porc. Une société gérée par le groupe industriel Fipso. C'est donc sur ce terrain où une ancienne porcherie à l'abandon est installée que le projet doit voir le jour. Une odeur d'égout plane dans l'air. De l'autre côté de la route, une exploitation de gavage de canards.
Retour dans le cœur d'Ossun. Premier arrêt : la supérette du village. Nathalie, derrière sa caisse finit sa mise en place. Elle a repris les rênes de l'enseigne l'année dernière. Sur sa porte d'entrée une affiche contre le projet de porcherie. «Ils vont tuer notre village. Ici, nous tenons à notre cadre de vie, vous imaginez les odeurs, en plus, elle va être installée en hauteur, donc avec le vent, cela va devenir irrespirable. Et les animaux dans tout ça ?».
La patronne des lieux en a gros sur le cœur depuis qu'elle a appris, dans le journal, le dépôt du projet. «L'odeur et les conditions de vie de ces cochons, c'est révoltant», lâche une cliente du magasin venue acheter son journal. À la boulangerie, le sujet crée des émules. «Comment, à notre époque, on peut encore valider des projets comme celui-ci ? Des animaux entassés, des odeurs épouvantables dans le village, des prix de l'immobilier qui dégringolent», se désole le gérant de l'enseigne en tenue de boulanger.
Un peu plus loin, une terrasse en bois flambant neuve trône devant le «Tire-Bouchon» l'unique bar-restaurant caviste de la commune. Rénové l'année dernière, l'établissement pourrait voir sa terrasse désertée si les odeurs provenant de la porcherie arrivaient jusqu'à elle. «J'ai choisi de vivre à Ossun, notamment pour son cadre de vie agréable. Nous avons déjà l'aéroport, une eau polluée et maintenant on veut nous mettre une porcherie. Du point de vue environnemental et sanitaire, c'est désastreux», s'insurge José Astorga. Contactés à plusieurs reprises, le maire ainsi que le responsable de la Fédération départementale des syndicats d'exploitants agricoles n'ont jamais donné suite à nos sollicitations.
L'association «No Porcharan» a, elle, décidé de reprendre tout le projet et de l'éplucher précisément afin de trouver les failles.
«La porcherie ne se fera pas, nous irons jusqu'au bout et nous avons dans nos rangs des gens compétents», ajoute son collègue.
No Pasaran pour la porcherie.
Du projet au courrier de Brigitte Bardot
En fin d'année dernière, les habitants de la commune d'Ossun découvrent que l'ancienne porcherie (environ 500 bêtes) a été vendue à So'Porc, une filiale du groupe industriel Fipso afin d'y faire une ferme industrielle de 3 000 cochons dans un hangar clos. Le maire qui n'a pas souhaité donner suite à nos multiples sollicitations aurait donné le feu vert au groupe. Depuis, les riverains opposés au projet se sont constitués en association. Grâce à leurs premières actions, ils ont réussi à retarder l'étude par la préfecture de quelques mois. «Le 28 mars, le préfet doit valider ou non définitivement. À ce moment-là, nous verrons quelle stratégie nous adopterons mais la porcherie ne verra pas le jour», assurent les deux membres de l'association No Porcharan. Brigitte Bardot, par le biais de sa fondation éponyme s'est mobilisée sur ce projet permettant de mettre un peu plus de lumière sur le combat de ces habitants.
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