En 1955, Roger Vadim réalise le film "Et Dieu... créa la femme", qui propulse Brigitte Bardot et Jean-Louis Trintignant au rang de star, tous deux démarrant leur carrière au cinéma. Brigitte Bardot incarne Juliette, jeune femme très convoitée dont trois hommes se disputent l'amour. Elle finit par épouser Michel, joué par Jean-Louis Trintignant. À cette époque, Roger Vadim (27 ans) et Brigitte Bardot (21 ans) sont mariés depuis trois ans.
Un scénario inspiré par Brigitte Bardot
Roger Vadim est fou amoureux de sa muse. Il est son pygmalion, celui qui voit en elle une future star, une actrice glamour et iconique capable de jouer des scènes d'amour comme personne. Le réalisateur a eu l'idée du scénario de "Et dieu... créa la femme" en la regardant danser en discothèque à Rome, observant qu'elle faisait fondre tous les hommes autour d'elle. Brigitte Bardot incarnera donc Juliette Hardy, jeune orpheline amoureuse de deux frères, également courtisée par un millionnaire de la Riviera. C'est finalement l'un des deux frères, le cadet Michel, qu'elle épouse par dépit.
Il a fait ce film pour elle
Dans le livre "Vadim, le plaisir sans remords" de Clément Ghys, on apprend que Roger Vadim dédie ce film à sa femme pour lui façonner une image à travers la représentation d'une femme de son époque : "Il a fait ce film pour elle, pour elle qui ne l'aime plus comme avant. Ils ne se l'avouent pas, mais c'est pareil (...) Il avait promis d'en faire une star, il y arrivera, ce sera son cadeau."
Une rencontre tumultueuse
C'est Roger Vadim, qui dirige le casting et qui organise la rencontre entre Brigitte Bardot et Jean-Louis Trintignant. Tout ne se passera pas comme prévu, puisque l'actrice déclarera après leur entrevue : "Il est tarte ! Je ne pourrai jamais faire croire que je suis amoureuse de ce type !"De son côté, l'acteur confiait qu'il avait pensé que "c'était une petite conne".
Le duo se voit jouer des scènes brûlantes, la fusion doit donc se faire rapidement, sous la pression de Roger Vadim qui ne leur donne pas d'autre choix que de s'entendre. Le réalisateur exige de la passion, pour que le couple soit plus vrai que nature, qu'il crève l'écran. Il veut saisir la vérité de Brigitte Bardot, en tournant les scènes dans l'ordre du scénario pour qu'elle se révèle peu à peu.
De l'amour faux à l'amour fou
Le tournage démarre en 1956. Au départ, il s'annonce compliqué. Jean-Louis Trintignant n'a pas l'allure du jeune premier, bien qu'il soit en pleine ascension. Timide, pas très grand, il se dévoile heureusement dans son jeu. Son attitude un peu gauche attendrit Brigitte Bardot qui en devient troublée. Toujours dans cette optique de vouloir du "vrai", Roger Vadim force l'actrice à incarner elle-même, plutôt que le personnage de Juliette, afin qu'elle ne simule rien, qu'elle soit pleinement séductrice comme elle l'est habituellement.
J'éprouvais pour lui une passion dévorante.
Dans ses mémoires, BB confiera : "À force d'être naturelle dans mes scènes d'amour avec Jean-Louis, je finis tout naturellement par l'aimer. J'éprouvais pour lui une passion dévorante." L'acteur tombe aussi sous son charme, jusqu'à devenir possessif, ne supportant plus de la quitter en fin de journée. Roger Vadim est trompé sous ses yeux, et le tournage se poursuit sous haute tension. Plus tard, le réalisateur avouera : "Trintignant jouait les amants tyranniques. Il voulait une preuve d’amour, un sacrifice, et menaça de ne plus revoir Brigitte si elle ne me quittait pas immédiatement. J’avais peur du dernier jour, du dernier plan, de la dernière minute de tournage."
L'acteur et le réalisateur deviennent rivaux, l'histoire du film rattrapant peu à peu la réalité. Roger Vadim avait crée Bardot, et, enfin émancipée, elle s'en allait vivre sa vie. Roger Vadim filmait sa propre histoire d'amour, celui du couple qui ne parvient pas à vivre ensemble.
Une histoire d'un an, mais la plus belle pour BB
Les acteurs vivent leurs rôles et offrent des scènes mythiques, notamment celle de la danse du mambo. Roger Vadim et Brigitte Bardot passent un accord tacite : attendre la fin du tournage pour se séparer, et faire bonne figure en attendant.