La révolution Bardot côté style comme côté moeurs advint sans prévenir. Pourtant il y eut des signes prémonitoires. Elle fut d'abord mannequin. Sa première couverture
d'un magazine date de 1950, pour Elle. Cheveux courts, maintien de danseuse, ce n'était plus une enfant et pas encore une femme. C'était la jeune fille moderne, dont Bonjour
tristesse, de Françoise Sagan (1954), préciserait les contours. L'allure de la demoiselle, déjà, était inspirante. Sur son modèle valsèrent les petites robes vichy à
Saint-Germain-des-Prés. A 16 ans à peine, Brigitte avait conquis la rue.
Elle tourna quelques films, convola avant l'âge légal. Au Festival de Cannes, l'année 1955, celle qui était devenue une starlette éclipsa même Sophia Loren... Un an plus tard, le monde
entier découvrit son pouvoir subversif avec Et Dieu... créa la femme (1956), de son mari Roger Vadim.
Dans le rôle sur mesure de Juliette, mi-sauvageonne, mi-déesse, Brigitte Bardot donnait les preuves de sa plastique parfaite, de sa sensualité torride. Une scène devait entrer dans
l'anthologie de l'érotisme au cinéma. Pieds nus, cheveux défaits, la peau luisante de sueur, l'actrice danse sur de la musique carioca comme possédée par un feu intérieur. Cinq longues
minutes paroxystiques telles que la caméra n'en avait jamais connu jusqu'alors.
Dans la France corsetée des années 1950, une atmosphère d'incrédulité teintée d'un parfum de scandale accueillit la sortie du film. Les réactions furent plus violentes encore en Amérique,
où des dirigeants de salles à Memphis, Cleveland ou Philadelphie furent poursuivis en justice. Résultat: un succès phénoménal. Le mythe Bardot était né.
Lancel/DR
Le sac B.Bardot en tweed ivoire.
Car on allait vite s'apercevoir de ceci: l'image sulfureuse de la star ne cachait rien d'autre... que la vérité. L'égérie des metteurs en scène (Clouzot, Godard, Malle, etc.), le sex-symbol
traqué par les paparazzis était avant tout une femme libre. Sa règle de vie: aimer, quitter, choisir, sans souci de morale. Dans son sillage, une vague de naturel chamboula les rouages
intimes de la société. "Brigitte Bardot est une nouvelle Eve", dira Simone de Beauvoir, fascinée. Outre la beauté d'une icône, c'est le tempérament d'une affranchie que la marque Lancel a voulu célébrer en lançant, en collaboration
étroite avec l'ex-actrice, le sac Brigitte Bardot, d'une forme seau généreuse et conçu (défense des animaux oblige) sans cuir mais en tweed ou en alcantara.