Son histoire d'amour avec Saint-Tropez
Nous voici dans l'année Bardot. Le 28 septembre prochain, celle dont les braises d'une carrière fulgurante sont régulièrement attisées par une bourrasque médiatique, aura quatre-vingt ans. Et, comme depuis des années, c'est à Saint- Tropez, village auquel elle s'est définitivement unie en 1958 que l'événement sera célébré. Bien avant l'été, déjà, l'avalanche éditoriale commençait à coloniser les rayons des libraires.
Tout le monde veut se colleter au mythe ! Écrire sa part de la légende. Légende qui, où qu'elle soit retranscrite dans le monde, fera éternellement rimer BB avec Saint-Tropez. Voici ici contées quelques facettes de l'épopée. Pas forcément celle dorée de Jour de France. Plutôt celle des bistros aux tables de bois et autres clubs enfumés aux allures de caves voûtées où Brigitte irradiait de gaieté. En toute simplicité. Tel est et demeurera SON Saint-Tropez !
Magie de la rencontre
En cet après-midi de mai 2014, la découverte a tout d'abord lieu à travers le prisme d'un fin feuillage. Brigitte Bardot, légèrement inclinée, debout sur sa terrasse, tend le bras pour donner quelques « friandises » à l'un de ses équidés préférés, Valentin. Un écran panoramique imaginaire se découpe alors soudainement devant nos yeux. Oui, Brigitte a tourné le dos au 7e art depuis 1973, mais la scène est éminemment cinématographique. Certainement l'une des plus belles de sa nouvelle vie. Celle d'une femme qui a trouvé son absolu. Un sens à son destin. Servir les animaux. Briser cet instant de communion est impossible. On attend donc sagement, en retrait, que l'animal s'en retourne à son herbe pour oser entrer à notre tour dans le champ. L'accueil est radieux. La parole bienveillante et le regard vif comme l'éclair. Un verre de champagne remplace le vitriole, allié de ses multiples combats, pour trinquer.
BB A l'orée de ses 80 ans, Brigitte confie d'emblée craindre que cet anniversaire particulier ne se transforme en « pire jour de sa vie ». Écrasée par une montagne de sollicitations en provenance du monde entier... A Saint-Tropez depuis toujours le temps s'écoule différemment pour Brigitte. En accéléré dans les 60's et 70's. Au rythme de la cause animale désormais et des soubresauts qui l'agitent régulièrement via sa ligne de téléphone en surchauffe permanente entre sa demeure et la Fondation qui porte son nom. Car si elle prend plus que jamais la plume pour interpeller les grands de ce monde – le dernier en date étant le pape – Brigitte ne se déplace plus. Elle laisse cette mission à ses « jambes de substitution », son bras droit aussi, Christophe Marie, pilier de la Fondation à Paris.
Si elle ne quitte quasiment plus le village, inutile de vouloir l'approcher. Ses seules furtives apparitions, sont au volant de son antédiluvienne 4L Break à bord de laquelle elle continue quotidiennement de faire des allers-retours entre ses deux propriétés. « Le Saint-Tropez d’aujourd’hui je ne le connais pas, car je n’y mets pas les pieds ! Dans les années 60, tous les artistes se fréquentaient, on jouait au poker, on se recevait à dîner, on trinquait à la terrasse de cafés où personne ne m’était inconnu..., bref on s’amusait beaucoup. A présent j’ai perdu mes repères, tout a changé et c’est bourré de touristes », a coutume de résumer BB. L'occasion de se remémorer que, contrairement à la légende, Brigitte n'a pas découvert le village en venant y tourner Et Dieu... créa la femme qui l'a élevée du jour au lendemain au rang de « star », à 21 ans. Ses parents y possédaient un pied à terre, rue de la Miséricorde, puis à la Pierre Plantée. La Madrague pour 24 millions anciens Enfant déjà, elle passait ses vacances en famille avec sa sœur Mijanou dans le petit village de pêcheurs jadis fréquenté par Colette. C'est d'ailleurs non loin de sa Treille Muscate, aux Canoubiers, qu'en 1958, entre deux prises d'un tournage de Vadim en Espagne, elle acheta pour 24 millions d'anciens francs, meubles compris, son « paradis tropical », La Madrague, bordé de cannisses, cactus, mimosas, figuiers. En son sein, une maison enfouie sous un bougainvillier violet, « avec la mer presque dans le salon », raconte-t-elle. Mais très vite, Brigitte déchantera. Alors qu'elle compte passer l'été dans son nouveau domaine, les incidents s'accumulent. Chauffe-eau en panne, pompe à eau grillée, électricité qui fait des étincelles, toilettes qui débordent... La maison trop longtemps inhabitée nécessite une sérieuse remise en état tout comme ses canalisations... Et le jardin se transforme en « Verdun aux pires moments de la guerre 14-18 », ironise-t-elle dans ses mémoires. La tournée des cafés Même si Brigitte par la suite menacera à plusieurs reprises de quitter un Saint- Tropez envahi de touristes et dans lequel elle ne se reconnaît, vendre La Madrague, voire il y a encore quelques années s'exiler en Russie, jamais elle ne mettra ses menaces à exécution. S'accommodant finalement des « petites imperfections » du village qu'elle a propulsé vers une notoriété mondiale. A chaque fois qu'elle évoque ses sorties enjouées à l'Esquinade de Roger et François, les apéros sur le port à l'Escale de Félix et Hélène Giraud, la bouillabaisse de Chez Camille, le petit déjeuner au Gorille au lever du jour, les tablées à la Pagnol chez Georges et Yvette Bain au Café des Arts..., ses yeux scintillent, louant ce temps de l'insouciance. Ou tout était si simple. Si authentique. Comme un paradis perdu où les idylles se nouaient puis se dénouaient au rythme des vagues passionnelles qui l'animaient.
Symbole de la bonne humeur « A cette époque, les fiancés valsaient ! », confirmait feu notre confrère Claude Dronsart. Dans son livre mettant en scène les stars des 70's, BB apparaît moulée dans son mini short en jean, au bras de son boy-friend d’une saison, l’aspirant comédien Laurent Vergez. Elle symbolise la bonne humeur d’une époque bénite. Sans lofteurs poseurs ni soirées pompes à fric… Puis, c’est au côté de Patrick Gilles ou de son couturier fétiche Jean Bouquin qu’on retrouve l’actrice qui fit aussi « don » de sa silhouette au peintre tropézien Vincent Roux. « Bien qu’un peu lunatique, Brigitte était très chaleureuse. Elle s’affichait aux soirées, acceptait facilement une séance photo… De toute façon, nous n’avions pas le choix car elle avait un flair impressionnant pour repérer les photographes. Sa technique était imparable pour les contrarier : soit elle baissait la tête et ses longs cheveux masquaient son visage, soit elle se tournait brusquement ! », racontait Claude Dronsart. Le refuge de la Garrigue Mais toutes les bonnes choses ont une fin. Et si BB tourne le dos aux caméras du 7e art en 1973. Ce n'est pas pour se retrouver face aux zooms de paparazzi ni de touristes désespérément plantés sur les bateaux-promenade à scruter l'une des ses baignades devant la Madrague... Fatiguée d'être continuellement cernée par les téléobjectifs, Brigitte acquiert une vaste parcelle sur les hauteurs de Capon, pour se réfugier et souffler. Elle baptisera son nouveau domaine La Garrigue et dessinera elle-même les plans de sa maisonnette, des quelques dépendances. Et même de la chapelle miniature d'inspiration mexicaine, Notre-Dame-de-la-Garrigue, dédiée à la Sainte-Vierge, où elle prie pour les animaux. Un havre de paix devenu aujourd'hui Éden animalier où elle a recueilli une trentaine de bêtes qui cohabitent en parfaite harmonie. Icône mode L'histoire paraît bien loin des fastes d'un Gunter Sachs qui pour la séduire en 1966 bombarda par voie aérienne la Madrague de roses. Des sorties en Mini-Moke pour aller dîner à l'Auberge des Maures. Des cavalcades sur les quais où ses tenues Vichy et autres en font l'icône aux pieds nus d'une mode décontractée Made in Saint- Topez, dont elle chérit les boutiques Chose, Peau d'âne, Mic-Mac. Et bien-sûr Vachon avec « ses modèles qui fleuraient bon la lavande et la sauge » se souvient Brigitte. Alors si à présent, elle veille à ne plus s'aventurer dans ce village où elle fut de toutes les folies, du Voom Voom à La Bonne Fontaine, quelques beaux instantanés de ses dernières apparitions publiques demeurent.
Anniversaire gipsy Pour ses 70 ans encore, par une nuit de pleine lune, Brigitte Bardot, se dévoilait sur sa plage fétiche de Pampelonne telle qu’on la rêve : en princesse gitane aux pieds nus, fière et amoureuse de la vie. Dopée par les guitares endiablées de celui qu'elle découvrit à Saint-Tropez en 1978, Chico, alors membre des Gipsy Kings. Elle entrait dans la danse dès son arrivée, envoyant du même coup valser ses problèmes d’arthrose à la hanche qui aujourd'hui l'oblige à s'aider de deux béquilles pour les tâches du quotidien. Fleurs dans les cheveux, longue robe noire, port altier et coupe de champagne dressée, elle poursuivra jusqu'à minuit sa belle sarabande gitane. Invisibilité ou pas, chacun y va de son anecdote sur Brigitte au village. BB qui met en vente ses biens personnels sur le marché de la place des Lices pour sa Fondation, BB qui montre les dents pour le maintien du commissariat, BB qui manifeste contre les chasseurs, etc. Nouveau livre en septembre Bien entendu, un grand nombre figure dans les deux tomes de ses mémoires, Initiales B.B. Et Le Carré de Pluton, successivement parus en 1996 et 1999. Alors même si elle n'a pas tout dit – sa rencontre avec Pagnol à la Madrague par exemple - de trilogie sur le ton de la confidence façon « La Senora des agneaux » ou « Bardot, là habite », il n'y aura pas. En revanche de nouveau livre pour fêter ses 80 ans, oui ! Il est baptisé « Mes as de coeur » et paraîtra le 3 septembre. Brigitte revient sur les vingt-quatre « êtres d'exception », « frères et soeurs de coeur » qui se consacrent, comme elle, à la protection des animaux, mais aussi « à celle de notre environnement », écrit-elle. Vingt-quatre noms qui constituent autant de chapitres baptisés Marguerite Yourcenar, Théodore Monod, Nicolas Hulot, Christian Zuber, Paul Watson, Allain Bougrain-Dubourg, Paul Mc Cartney ou le Dalaï Lama. Peu de noms du cru donc, mais Saint-Tropez est bel et bien symboliquement présent puisque l'intégralité des droits d'auteur sera reversée à sa Fondation qu'elle fonda au village en 1986. Liberté d'être et de penser La grande oeuvre d'une vie à qui cette année, après ses propriétés de la Madrague et Bazoches, elle léguera La Garrigue. Sa maison de poupée, comme elle aime à le dire, et ses 4 ha acquis à la fin des années 70. Poupée mais pas marionnette, car c'est à cette époque que BB est entrée dans l'âge adulte en écrivant son destin. Préférant partir à l'assaut de la banquise plutôt que se se conformer à celui – figé devant la caméra - que lui prédisait les « Une » des magazines sur papier glacé. Pour avoir endossé la panoplie démesurée du rêve et avoir su traverser « l'enfer du décor » sans céder aux utopies clignotantes, à la rentrée le monde entier braquera ses curseurs vers Saint-Tropez pour faire un feu de joie à cette femme qui alluma la flamme révolutionnaire de la liberté d'être et de penser dans une France jadis corsetée. Qui préférait la jute à la jupe. Et n'avait pas encore grandi... avec BB.
Her permanent love affair with Saint-Tropez On the 28th September B.B. will be 80 years old, yet the embers of her dazzling career are regularly fanned by the media. As usual she will be celebrating her birthday in Saint-Tropez, the village she adopted in 1958. During an afternoon in May2014, she welcomed us to her home. Our first sight of her was through a filter of fine leaves. B.B. was leaning slightly, standing on her terrace, stretching forth her arms to give some treats to one of her favourite horses, Valentin. An imaginary panoramic screen suddenly appears before our eyes. Yes, she turned her back on the 7th art in 1973 but this scene is definitely worthy of a film. It is certainly one of the best of her new life. It is that of a woman who has found her place in life, a purpose for her destiny: to serve animals. Her welcome is charming, there is pleasant chat and a she has a very lively sparkle in her eyes. On the eve of her 80th birthday Brigitte confides that she is worried that this particular birthday may be the worst day of her life. She hardly leaves the village but is burdened by invitations from all over the world. There is no point in requesting her to do so. Her few brief appearances are at the wheel of her ancient 4L break which she drives daily back and forth between her two properties. “I don’t know Saint-Tropez today because I never go there” she says. “In the sixties all the artists went there! We played poker, we held dinner parties, we drank at the terraces of cafés and I knew everyone. Anyway, we had a lot of fun! Now I don’t recognize it, everything has changed and it’s packed with tourists.” Contrary to the legend, B.B. did not discover the village when she came to star in the film “And God created woman”. The film made her into an international star overnight at the age of 21. Her parents had a small holiday home ‘rue de la Miséricorde’ and later at ‘La Pierre plantée’. The purchase of ‘La Madrague’ her ‘tropical paradise’ goes back to 1958. It is surrounded by reeds, cacti, mimosa and fig trees. Each time she evokes her fun outings in former times, in the cafés on the old harbor, her eyes light up, praising this carefree time when everything was so simple, so genuine. She compares it to a lost paradise where brief romances formed and broke to the rhythm of passionate waves. “Although she was a little temperamental, Brigitte was very friendly”, said our late colleague Claude Dronsart. “She went to parties and accepted photo shoots. Anyway, we didn’t have a choice; she had an amazing flare for detecting photographers. She had this technique to antagonize us, either she lowered her head and her long hair hid her face, or she turned round abruptly!” Tired of continually being surrounded by telephoto lenses, Brigitte bought a vast plot of land on the heights of Capon in the late 70’s as a hideaway and to relax. She called her new property ‘La Garrigue’ and she drew up the plans herself for the house and the miniature Mexican style chapel, Notre-Dame-dela- Garrigue, consecrated to the Virgin Mary and here she prays for animals. It is a haven of peace, which has become today ‘Eden animalier’. She has taken in thirty or so animals and they all live together in perfect harmony. This story seems very different from the splendor of 1966 when Gunter Sachs, trying to seduce her, showered rose petals from the air on her home ‘the Madrague’. Parading on the quay side or her checked Vichy outfits that made her into the bare-footed icon of fashion ‘Made in Saint-Tropez’! On the eve of her 80th birthday, she has promised a new book called ‘My Aces of Heart’. It will be published on the 3rd September. B.B. will relate her ‘exceptional meetings’ with people who like her work for the protection of animals but also for the protection of our environment. She mentions amongst others: Paul Watson, Paul McCartney and the Dalai Lama. Whether it will be successful in bookshops or not, the entire world will be watching Saint-Tropez, to celebrate this woman who started the ball rolling giving freedom to women, to be and to think, at a time when they were very confined in France. This spread throughout the world.
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