Var Matin n°22462 du 28 09 2009...

Bruno Ricard
Brigitte Bardot, tout ou presque sur celle que Dieu créa, photographie, cinéma, fondation, action de protection animale, exposition, combat, etc.
Brigitte Bardot a eu 75 ans il y a quelques jours (voir article). L’occasion de se pencher sur la vie et la carrière de l’icône du cinéma français.
Sex-symbol, aimée, désirée, adulée, critiquée, vilipendée, Brigitte Bardot a durablement marqué son époque et est aujourd’hui un mythe de notre société et de son cinéma.
Ce n’est d’ailleurs pas pour rien que Dominique Choulant a intitulé son livre, publié aux éditions Autres Temps : Brigitte Bardot Le mythe éternel. Avec minutie, avec passion aussi, l’auteur trace la biographie de la star. Il reprend les propres mots de l’actrice, mais aussi des extraits de presse, des critiques de films, des témoignages de proches. Petite mine d’informations, cet ouvrage se lit comme un portrait impressionniste, par petites touches. De l’enfance à aujourd’hui, des débuts presque par hasard au combat actuel pour les animaux, des succès insolents aux polémiques violentes, rien n’est oublié.
Et c’est la femme que l’on découvre derrière la légende du cinéma. Un caractère, que l’on suit des plateaux de cinéma à sa retraite chez elle, en passant par les glaces canadiennes pour protéger
les bébés phoques. Indomptable jusqu’au bout, comme tout mythe qui se respecte…
Est-il nécessaire d'aduler à ce point BB pour apprécier le parcours proposé sur près de 1 000 m2, et auquel font honneur quelque 500 visiteurs quotidiens ? Non. Celle que le général de Gaulle considéra comme "une jeune personne de bon aloi" et Françoise Sagan comme un objet contribua, il est vrai, à changer des moeurs.
Le visiteur suit la stupéfiante métamorphose d'une gamine qui, élevée dans une "bonne famille" de droite, symbolisa l'émancipation féminine, un nouvel érotisme, une révolution sexuelle, "seins au vent, fesses à l'air", avant de rétrograder de la modernité flamboyante aux humeurs réactionnaires.
Titrée "Les années insouciance", l'exposition est gorgée de photographies signées Sam Levin, Richard Avedon, Robert Doisneau, Harcourt... Il y a aussi des couvertures de magazines (Le Jardin des modes, Elle, Paris Match, etc.), des tableaux (Carzou, Aslan, Kiffer, Leonor Fini ou, rarement vue, la toile de Van Dongen). Des objets divers et fétiches sont là : robes, Harley-Davidson, porte-jarretelles de Viva Maria ! (1965, Louis Malle), guitare, partition de La Madrague, de Claude Bolling. Des écrans diffusent des extraits de films, montages de baisers, documentaires, émissions télévisées, clips.
L'exposition impose d'emblée l'image d'une star qui provoque folies, polémiques, censure. La voilà drapée nue dans le drapeau français, puis suscitant l'hystérie lors de son arrivée au Festival de Cannes en 1967, qu'elle avait snobé dix ans plut tôt. Un mur évoque ses apparitions dans La Bride sur le cou (1961, Roger Vadim), où elle est revêtue d'une combinaison chair moulante, et dans Les Novices (1970, Guy Casaril), où elle interprète une religieuse qui se dévêt entièrement sur une plage. Un mur rappelle que, en 1958, à l'Exposition universelle de Bruxelles où il tient pavillon, le Vatican la choisit pour incarner le péché absolu, à cause de son strip-tease (bien inoffensif) dans En effeuillant la marguerite (1956, Marc Allégret).
Deux sérigraphies d'Andy Warhol illustrent la "bardolâtrie". Un panneau rappelle que, en 1967, reçue à l'Elysée, elle arrive en costume pantalon à brandebourgs militaires, chevelure dénouée. Cette énergumène sort de la France de René Coty, ses couples louis-philippards, ses femmes à corset. Brigitte Bardot ? Des tutus et chaussons de danse Repetto, un missel de première communion, des lunettes, un appareil dentaire.
Elle veut faire du cinéma à 18 ans, en dépit des réticences de son père, et avec l'appui du grand-père : "Toutes les actrices ne deviennent pas nécessairement des femmes de mauvaise vie." Voilà Vadim, Et Dieu... créa la femme (1956), la sentence du pygmalion : "Tu seras le fantasme inaccessible de tous les hommes mariés."
De salle en salle, BB change de visage. Elle est pin-up en robe vichy rose et blanc et choucroute. Elle fait de la publicité pour un Solex, une boisson pétillante, une robe, une bière, un pantalon, une auto, un parfum, un savon. Elle chante (Coquillages et crustacés). Bardot c'est une liberté, une voix, un rire, dont l'exposition fait entendre les échos sonores. Un corps, bien sûr, que Godard transforme en blason : "Elle a fait un bon film, Et Dieu créa la femme ; Le Mépris sera son deuxième."
Il y eut une BB attitude, et l'exposition montre comment s'incarne ce culte dans la création populaire. L'ensemble est un bazar très kitsch, qui souligne combien la mode change, et comment se dégrade une notoriété.
Cinquante ans plus tard, face au panneau publicitaire du film de Michel Boisrond Voulez-vous danser avec moi ? (1959), on s'interroge.
Brigitte Bardot. "Les
Années insouciance". Espace
Landowski, 26, avenue André-Morizet, Boulogne-Billancourt. Mo Marcel-Sembat, Boulogne-Jean-Jaurès. Jusqu'au 31 janvier 2010. Du lundi au dimanche, de 11 heures à 19 h 30 (fermeture des caisses à 18h00). 11 €. Rétrospective de films au cinéma Landowski, même adresse.
www.cinemaboulogne.com
Source : http://www.lemonde.fr/cinema/article/2009/10/13/a-boulogne-billancourt-les-metamorphoses-du-mythe-brigitte-bardot-dans-un-bazar-tres-kitsch_1253379_3476.html
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