Brigitte Bardot était hier dans sa maison de la Madrague près de Saint-Tropez où elle répondait au nombreux courriers qu’elle reçoit chaque jour. Entre deux lettres, la plus mythique des actrices françaises, et
depuis 1986, la présidente de la fondation qui porte son nom, nous a accordé un entretien.
FRANCE-SOIR. Pourquoi avez-vous décidé de lancer une nouvelle campagne contre le marché de la viande chevaline ?
BRIGITTE BARDOT. Parce que la lutte contre l’hippophagie fait partie des quatre causes pour lesquelles je ne cesserai jamais de me battre. Il y a les bébés phoques, la fourrure,
l’abattage rituel et l’hippophagie. Aujourd’hui nous lançons cette nouvelle campagne parce qu’il est totalement inadmissible qu’au XXIe siècle nous puissions encore manger du cheval. Nous ne
sommes pas en guerre, nous ne mourrons pas de faim, il est alors intolérable de manger du cheval. Ça me retourne le cœur. Je trouve épouvantable que l’on puisse mettre dans notre assiette une
créature aussi formidable. Les gens ne se rendent pas compte des conditions dans lesquelles les chevaux sont vendus, puis transportés et enfin tués dans les abattoirs. Le cheval est un animal
très peureux alors vous imaginez la peur qu’il a lorsqu’il va à l’abattoir. Il faut que les gens sachent.
La campagne de votre fondation s’accompagne du dépôt d’un projet de loi à l’Assemblée nationale. Pouvez-vous nous en dire plus ?
Le député des Alpes-Maritimes Lionnel Luca, qui fait partie du conseil d’administration de notre fondation, va déposer à l’Assemblée nationale une proposition de loi visant à modifier le statut
juridique des chevaux en le faisant passer d’animal de bétail à celui d’animal de compagnie. Le cheval a toujours été le compagnon de l’homme, il lui a servi à travailler les champs, à se
déplacer, à faire la guerre. Aujourd’hui, le cheval sert à se balader, à gagner des courses, à jouer dans des spectacles. Il n’est pas normal que le cheval ne soit pas considéré comme un animal
de compagnie au même titre que le chien ou le chat.
Pensez-vous que cette proposition va être adoptée ?
Vous savez, j’ai dû me battre pendant trente-deux ans pour que la législation sur les bébés phoques change. Je me bats aussi depuis vingt-huit ans pour que les moutons soient étourdis lors des
abattages rituels. Il faut du temps pour que les mentalités évoluent. Alors dans trente-deux ans je serai passé de l’autre côté mais je ne perds pas espoir. La campagne d’affichage, ainsi que
la diffusion de notre enquête et la proposition de loi ne sont qu’une première étape. Ce serait merveilleux que la proposition soit adoptée, la France donnerait ainsi l’exemple.
Mathilde Seigner est la marraine de la campagne « Ne mangez pas de cheval ». Pourquoi lui avez-vous
demandé de vous accompagner dans cette démarche ?
Pour des raisons de santé, je ne peux malheureusement plus me déplacer comme avant. J’ai alors téléphoné à Mathilde en lui demandant de me représenter pour cette campagne et je la remercie
d’avoir accepté. Mathilde est une véritable amoureuse des chevaux. Elle les connaît bien et a joué dans un magnifique film avec eux (NDLR : Danse avec lui) et c’est une femme qui
n’a pas l’habitude de manier la langue de bois. C’est donc tout naturellement qu’elle sera la figure de proue de notre fondation pour « Ne mangez pas de cheval ».
Biographie express
1934. Naissance à Paris.
1956. Consécration mondiale grâce à Et Dieu… créa la femme réalisé par son mari Roger Vadim.
1962. BB devient végétarienne et débute son combat pour la cause animale en obtenant notamment l’étourdissement préalable à l’abattage des animaux
1977. Elle lance la campagne contre la chasse aux blanchons, les fameux bébés phoques, traqués pour leur fourrure.
1986. Création de la Fondation Brigitte Bardot.
2002. A l’occasion de la Coupe du monde de football, elle appelle au boycott des produits sud-coréens pour protester contre la consommation de viandes de chat et de chien en Corée du Sud.
2009. Elle demande au président de la Commission européenne d’instaurer une journée végétarienne au sein des Etats membres. Lancement de la campagne « Ne mangez pas de cheval ».