France Dimanche : Emmanuel Bonini..


France dimanche n°3292 du 02 au 08 10 2009
Brigitte Bardot, tout ou presque sur celle que Dieu créa, photographie, cinéma, fondation, action de protection animale, exposition, combat, etc.
Quand l’émission avec Brigitte Bardot a été diffusée, une avalanche de messages est arrivée sur le moniteur du studio. Un record ! BB est une immense star et les auditeurs l’ont retrouvée telle
qu’ils l’aiment : franche, généreuse, spontanée. Ils n’imaginaient sans doute pas qu’elle parlerait de musique avec autant de passion et de profondeur dans les sentiments.
Les stars ne meurent jamais et le mythe BB a encore de beaux jours devant lui.
La première fois que j’ai été en contact avec elle, c’était quand j’ai invité Nina Companeez dans Musique de Stars un vendredi matin. Je ne savais pas que notre Brigitte nationale était une
fidèle de l’émission. Elle a appelé le standard de la radio pour transmettre ses amitiés à celle qui avait réalisé le tout dernier film de sa carrière. J’ai été tourneboulé par ce message et
j’ai écrit le jour même une lettre à Brigitte Bardot en l’invitant à l’émission. Je lui ai proposé de venir à La Madrague et de la diffuser le 29 décembre (qui était encore libre) et qui
tombait, ajoutai-je dans ma lettre le jour de mon anniversaire. BB n’a pas répondu à mon invitation, mais le 29 décembre, j’ai reçu une lettre adorable dans laquelle elle me souhaitait un “bon
anniversaire” et où elle me parlait musique avec intelligence, chaleur et gaîté.
Je lui ai écrit chaque année en inscrivant juste sur l’enveloppe : Brigitte Bardot - Saint-Tropez. Je savais qu’elle les recevait. Quand Tristan Duval est venu à l’émission l’année dernière
pour parler d’Opéra en Plein Air, j’ai appris qu’il comptait organiser une grande exposition BB à Boulogne Billancourt (sic) pour ses 75 ans. Je lui ai dit que rien ne me ferait davantage
plaisir que de la recevoir. Il m’a promis de tout faire et il a tenu parole. Quelques jours avant, il m’a dit que Brigitte était d’accord, mais qu’elle était fatiguée. Me serait-il possible de
faire l’émission par téléphone ? J’ai accepté. Elle va t’appeler, m’a-t-il indiqué. J’étais à Pékin et j’avais peur de rater l’appel à cause du décalage horaire. Dimanche dernier, de retour à
Paris, je travaillais à mon ordinateur quand mon téléphone a sonné : “Vous êtes bien assis ? C’est Brigitte !” Je lui ai proposé de venir la voir à sa fondation (elle était à Paris pour trois
jours) et elle a accepté de me recevoir. La veille, le rendez-vous a été décalé. J’ai eu très peur que son état de santé ne provoque l’annulation de l’émission. Par superstition, je n’ai pas
voulu qu’on diffuse des annonces à l’antenne tant que je ne l’avais pas rencontrée. La rencontre tant attendue a eu lieu dans la salle de réunion de sa fondation, mercredi à 13 h, la veille du
jour de sa diffusion. Le temps d’installer mon matériel et de vérifier cinquante fois que le micro était en état de marche, elle est entrée dans la salle avec ses béquilles avec du soleil dans
les yeux et un sourire adorable. On s’est embrassés comme si nous étions de vieux amis. Son secrétaire, Franck, lui a apporté un cendrier et une verre de champagne. “On a besoin d’un remontant
!” J’en ai accepté un auquel j’ai à peine touché et nous avons commencé l’entretien. Elle était parfaite. Nous nous sommes embrassés à nouveau et je suis reparti ventre à terre à la radio pour
vérifier qu’aucun problème technique n’avait perturbé l’enregistrement. Nous avons travaillé tout l’après-midi avec Yann pour rendre la conversation plus fluide (il a fait des miracles, comme
d’habitude), puis Lucile, avec ses doigts de fée, s’est chargée du rajout des musiques. De la belle ouvrage ! Le jeudi soir, j’ai voulu écouter l’émission chez moi et, au risque de paraître
bêbête, j’ai eu à un moment les larmes aux yeux.
J’espère que les auditeurs ont partagé ce moment d’exception avec nous.
Mon “histoire d’amour” avec Brigitte Bardot s’est terminée là, comme elle l’a dit elle-même, établissant un parallèle audacieux avec son histoire avec Serge Gainsbourg. Oui, Brigitte, mais,
dieu merci, les histoires d’amour ne se terminent jamais vraiment et pour ma part je n’oublierai jamais ce merveilleux moment passée avec celle qui pour moi incarne les valeurs de la France
éternelle. Celle du général de Gaulle, celle de Jeanne d’Arc, mais aussi d’Arletty, de Sarah Bernhardt, de Michel Simon, d’Edith Piaf, une France debout et généreuse, ouverte sur le monde et
sur les autres. C’est ce que l’on dira probablement dans vingt ans, dans cinquante ans, alors pourquoi ne pas commencer à le dire aujourd’hui.
Dans un entretien exclusif accordé à TV Magazine, Brigitte Bardot, à fleur de peau, nous livre les clefs d'un livre pour lequel elle a accepté d'ouvrir ses archives personnelles. La face cachée d'un mythe qui a fêté son soixante-quinzième anniversaire le 28 septembre.
Ce livre est un portrait signé par un autre. Permet-il d'aller plus loin dans la découverte de Brigitte Bardot ?
Effectivement, dans ce livre d'Emmanuel Bonini, il y a une part de ma vie privée profonde qui est dévoilée, car je n'aime pas parler de moi et des choses qui me sont secrètes. Et je pense que
l'on ne doit pas se mettre en avant avec les combats que l'on mène.
On a l'impression que vous vous êtes engagée dans la défense des animaux pour retrouver une forme de vérité qui avait disparu
durant votre existence de star...
Oui, j'avais besoin de quelque chose de plus authentique, de plus profond et de plus vrai. Le monde du cinéma, avec sa superficialité, ne me l'apportait pas, car tout est faux : les sentiments,
les décors, les histoires... En fin de compte, tout cela ne me plaisait pas trop et ne correspondait pas à ce que j'aurais aimé ressentir ou faire ressentir aux autres.
Quand vous en êtes-vous rendu compte ?
Durant le tournage de mon dernier film, L'Histoire très bonne et très joyeuse de Colinot Trousse-Chemise (1973), où je me suis trouvée grotesque. Sur le plateau, j'ai racheté une petite chèvre
qui était promise à un méchoui et j'ai abandonné le cinéma. C'était le même jour.
Michel Serrault, cité dans le livre, vous avait rendu un très bel hommage en affirmant que vous étiez une grande
comédienne...
Il était gentil, mais je ne pense pas avoir été une grande comédienne. Simplement, je ressentais profondément les émotions jusqu'au bout, tout ce qui se passait autour de moi, le meilleur comme
le pire. Pour cette raison, après le film La Vérité,d'Henri-Georges Clouzot, j'avais tenté de me suicider comme l'héroïne que j'avais incarnée, en m'ouvrant les veines et en absorbant des
médicaments. Miraculée, je suis restée très longtemps dans une clinique à Nice. Je m'étais investie dans ce personnage comme je le faisais d'ailleurs dans tous mes rôles. Ainsi, il m'arrivait
aussi de tomber vraiment amoureuse de mes partenaires.
Le livre suggère que la gloire a tué quelque chose en vous. Quoi au juste ?
« La gloire est le deuil éclatant du bonheur », a écrit Mme de Staël. Cette phrase est à la fois terrible et sublime, parce qu'elle est vraie.
Pourtant, vous avez dit que tout ce que vous avez réussi pour les animaux, vous le deviez précisément à cette gloire...
Absolument. Cette célébrité exceptionnelle, formidable ne m'a pas comblée, mais elle fut un marchepied très important pour la suite de ma vie. Et, même en étant Brigitte Bardot, j'ai un mal de
chien à me faire entendre ou à faire évoluer les choses.
Pourquoi n'avez-vous pas été comblée ?
Je n'ai pas vraiment connu le bonheur. C'était la gloire. Remarquez, je ne l'ai toujours pas trouvé ce bonheur, et c'est très difficile avec ce que je fais. Mais, au moins, j'ai le sentiment
que ma vie sert à quelque chose. J'ai l'impression de ne pas être inutile et de jouer un rôle dans l'évolution des mentalités sur des sujets qui ne bougent pas depuis des siècles, car l'animal
est toujours considéré comme un objet de rentabilité. C'est mon combat.
Photo : © Gérard Schachmes
Combien de combats avez-vous remporté ?
Aucun. Excepté les phoques puisque cette année, après trente-trois ans, l'Union européenne interdit enfin l'importation des produits dérivés sur le territoire européen. Et ça, franchement, on
me le doit.
Donc, une seule victoire pour combien de luttes ?
Quand on aime, on ne compte pas.
N'avez-vous jamais été découragée ?
Je ne peux pas. Il est impossible de laisser tomber une priorité pour laquelle on s'est investi totalement. Viande de cheval, fourrure, chasse à courre, massacre des moutons de l'Aïd
El-Kébir... Il existe une loi en France qui impose l'étourdissement de tous les animaux avant la saignée. Il n'y a pas de raison pour que cette loi ne soit pas appliquée dans notre pays au nom
d'une religion. Je l'ai rappelé au président Sarkozy, qui me l'avait promis deux fois.
Je mène une guerre contre la déshumanisation de l'humanité. Par exemple, Borloo, ministre de l'Écologie, vient de donner l'ordre de tuer 550 000 cervidés en France sur deux ou trois ans.
Pourquoi un tel massacre ? Nous sommes loin de Bambi...
Mais que proposez-vous contre les problèmes de surpopulation ?
Ce choix est scandaleux. Il existe aussi un surnombre de personnes qui détruisent et polluent notre planète, mais, heureusement, nous les laissons vivre et nous les protégeons. Pourquoi ne pas
protéger de la même manière ces animaux que nous pourrions délocaliser ?
Concernant la perception de votre image par le public, y a-t-il un malentendu Brigitte Bardot ? Qui êtes-vous en réalité
?
Je suis directe, j'ai le courage d'être moi-même, et je n'ai pas peur de dire ce que je pense dans tous les domaines : les gens, la société, le monde actuel... J'ai cette force et je m'en sers.
J'ai été condamnée cinq ou six fois pour des propos racistes qui ne l'étaient pas, simplement parce que je dénonçais une façon d'abattre les animaux. Cela m'a coûté environ 200 000 E. J'avais
commencé ce combat toute jeune en 1962, dans Cinq colonnes à la une.
Et toujours sans résultat...
Aucun.
Alors, à qui la faute ?
Aux pouvoirs publics, qui sont incapables de faire changer les choses.
En choisissant cette vie, vous avez aussi choisi la difficulté, les critiques, les insultes parfois... Comment faites-vous pour
résister ?
C'est difficile. Je ne suis pas inconsciente. Au contraire, je suis très lucide, mais il m'arrive de craquer. Avant notre conversation, j'étais en larmes, car je pensais au massacre des moutons
pour l'Aïd du 27 novembre prochain. Cette souffrance est-elle nécessaire ?
Avec le temps, avez-vous l'impression de vous être endurcie ?
Non, au contraire, je suis de plus en plus vulnérable et sensible. Je suis souvent lasse, meurtrie, mais ma volonté de me battre et de vaincre est toujours plus forte.
La livre raconte aussi votre présence auprès d'adolescents atteints de maladies incurables. Vous n'en aviez pas
parlé...
C'était une histoire très personnelle. Deux jeunes filles placées dans des établissements spécialisés avaient formulé chacune un rêve. L'une souhaitait rencontrer Brigitte Bardot. Elle était
sous oxygène, je l'ai reçue à la Fondation, nous avons déjeuné ensemble, je l'ai invitée au Noël des animaux où elle a rencontré Alain Delon, Michel Drucker, Patrick Sébastien... Elle était merveilleuse et heureuse. C'est cela le vrai bonheur.
La seconde, je ne l'ai jamais rencontrée, mais nous avons échangé de nombreuses lettres et des cadeaux. Elle avait souhaité que ses cendres soient répandues au milieu de celles de mes chiens à
la Madrague. Nous l'avons fait avec le prêtre catholique de Saint-Tropez. Aujourd'hui, ses cendres y sont, avec sa photo.
Pour les causes que vous défendez, avez-vous l'impression que la télévision, très présente dans la vie des gens, agit suffisamment
?
Non. En revanche, pour les conneries, cela avance à vitesse grand V. Je n'en ai jamais vu autant. C'est effrayant.
Que regardez-vous ?
Surtout les films américains des chaînes thématiques sur TPS, quelques émissions d'Arte le soir et, le samedi, l'émission On n'est pas couché, pour la présence de Zemmour et Naulleau. Je les adore ces
deux-là.
Photo : © Gérard Schachmes
Les avez-vous rencontrés ?
Avant les vacances, ne sachant pas encore si Delon allait accepter, j'avais appelé Éric Zemmour pour lui demander de participer à Qui veut gagner des millions ? pour ma fondation. J'y suis
allée au culot. Il a été très sympa.
Marc-Olivier
Fogiel, dont le livre parle aussi, ne fait plus de télé pour l'instant. L'écoutez-vous sur Europe 1 ?
Vous êtes malade ? Je n'écoute qu'une seule radio : Radio classique. J'ai tourné la page Fogiel. Il n'est plus à la télé et il n'a que ce qu'il mérite. Durant
cette émission, qui s'était mal finie, les gens m'avaient soutenue à 300 %. Fogiel avait été d'une hypocrisie et d'une malhonnêteté redoutables. Heureusement, j'ai eu un peu plus tard des
émissions très jolies avec Michel Drucker et Mireille Dumas. Pour moi, Fogiel fait partie des gens morts et
enterrés.
Une réconciliation est-elle possible ?
Non. Il y en a quelques-uns comme ça qui m'ont fait des saloperies. Je n'y pense plus.
Quelle est l'urgence aujourd'hui ?
Dans la désespérance et la souffrance, il n'y a pas de priorité. Je ne baisserai jamais les bras ni ma culotte, à l'instar de certains politiques.
Finalement, la vie n'est pas facile...
Non, pas facile. Il faut s'investir. Je l'ai fait totalement. J'ai tout donné à ma fondation : mes maisons, mon pognon, mes affaires les plus précieuses, la Madrague...
Votre vie de mère aussi ?
Là, on n'en parle pas. C'est un sujet complètement interdit. Par respect pour Nicolas.
Dieu que cette femme est belle ! terriblement envoûtante. Avec sa moue qui semble dire « je fais ce que je veux », ses grands yeux surlignés d’un trait noir, ses longs cheveux dorés qui flottent, et son corps sublime. Brigitte Bardot la sensuelle, mi-ingénue, mi-scandaleuse, incarne à jamais la libération de la femme, dans la France conservatrice et austère de René Coty. Dans les années 1950, elle bouleversa les mœurs et chercha sans cesse à dompter son époque. Associée à vie à Saint-Tropez et à la défense des animaux, l’icône a fêté, lundi, ses 75 ans.
Au lendemain de cet anniversaire, s’ouvre à Boulogne-Billancourt (près de Paris), ville connue pour ses studios de cinéma (fermés en 1992), une grande exposition consacrée aux années « insouciance » de BB. Une occasion unique de vérifier que le sex-symbol a toujours été un électron libre aux prises de position quelquefois radicales. Mais là n’est pas le propos, puisque le fil rouge de ce rendez-vous supervisé par Henry-Jean Servat (son ami intime), est le cinéma.
Sur près de 900m2, au motif du célèbre carreau rose vichy, se déclinent un millier de photos, d’affiches, d’extraits de documentaires et d’objets personnels dont la célèbre Harley-Davidson sur laquelle elle n’avait besoin de personne. Son ex-mari, le milliardaire Günter Sachs, a également prêté deux portraits la représentant signés Andy Warhol. Mais on peut aussi observer ses premiers diplômes de danse classique, sa passion, ou son buste de Marianne.
Un véritable exploit, rendu possible grâce à la mobilisation des studios, de la Cinémathèque française et des agences photographiques. Car la star, retirée dans sa célèbre Madrague depuis
1973, ne possède plus de témoignages de ce glorieux passé. Elle a tout vendu dans les années 1980 pour financer sa fondation.
Construite en trois parties, sur la base d’un parcours chronologique, cette promenade dans la vie tumultueuse de Bardot est guidée par la voix de l’actrice. Dix-sept de ses films (sur
cinquante tournés) et de larges extraits de ses chansons témoignent ainsi d’une carrière riche. Le tout, remis dans le contexte de l’époque.
La visite débute par la folie Bardot, entre l’hystérie qu’elle déchaîna et la censure de l’église catholique. Puis, ce sont les images rares filmées par son père, qui renseignent un peu plus sur cette enfance bourgeoise. Marilyn Monroe, qu’elle admire, est brièvement évoquée avant de pénétrer dans l’alcôve consacrée au film Et Dieu créa la femme, celui qui l’a définitivement érigée au rang de mythe.
Un faux kiosque à journaux affiche ensuite les nombreux magazines qui lui ont consacré leur Une. Puis ses amours, ses amants, ses conquêtes, sa villa tropézienne, ses célèbres espadrilles Spartela et ses ballerines Repetto se succèdent. Jusqu’aux terribles images de torture et de maltraitance envers les animaux, le combat de sa vie. Ce tableau est d’ailleurs sa seule exigence.
« Bardot, reine de Saint-Tropez et de l’univers, reste pour l’éternité une actrice d’éclats et de clarté, écrit Henry-Jean Servat. Elle est aussi une créature de combat et de compassion,
et surtout une femme de droiture et de courage. » BB une femme qui osa. Qui eu le courage d’aimer plusieurs fois, de quitter et de tourner le dos définitivement à ce cinéma qui l’avait
pourtant révélée. Tout un symbole, résumé en deux lettres, qui a eu un destin capital.
Source : http://www.francesoir.fr/exposition/2009/09/29/brigitte-bardot-interview.html
Une exposition à l'espace Landowski à Boulogne-Billancourt s'ouvre ce mardi et ravive le mythe de la plus célèbre des actrices françaises, qui vient de fêter ses 75 ans le 28 septembre.
Ce sont deux photos d'adolescence, en noir et blanc, pas les plus spectaculaires, mais auxquelles on ne peut s'empêcher de revenir. La première figure Brigitte Anne-Marie Bardot en sa famille parisienne cossue - le père est un industriel éclairé, passionné de cinéma, la mère, au foyer, aime la mode et la danse. Tout le monde est assis sur les marches d'un escalier extérieur, un peu sur la réserve. La seule à prendre du plaisir, c'est elle, la future BB. Elle est lestée d'un gros collier de dame, mais sourit franchement, la tête légèrement penchée vers la gauche, s'amuse en somme. Et elle aimante littéralement le regard.
w. carone/paris match/scoop
De la sage adolescente posant avec sa famille, en 1952, au sex-symbol, le fabuleux destin de l'"insouciante" BB.
Le second cliché est un portrait qui représente la diplômée du Conservatoire de danse de Paris, épaules nues, le cou ceint d'un camélia noir et les cheveux disciplinés en chignon; seule échappée dans ce classicisme bon ton, une mèche en accroche-coeur sur le front. Sage, très sage, sur ce coup-là. Et pourtant. Cette toute jeune femme réussit, ici aussi, à prendre le pouvoir. Quelque chose dans le regard, de biais, mais incroyablement direct, et dans cette bouche, fermée mais comme sur le point d'éclater de rire, encore. Il faudra attendre une bonne vingtaine d'années pour l'entendre clamer: "Je n'ai besoin de personne", mais l'intention y est déjà, et le message passe: aussi figé soit le décor, aussi contraignantes soient les conditions, Brigitte Bardot sort du cadre imposé. C'est une affranchie.
RMN
Juste diplômée du Conservatoire de danse de Paris.
Un esprit libre tous azimuts, dans sa carrière comme dans sa vie privée, dans ses choix comme dans ses sentiments. Une bourrasque en résumé, c'est précisément ce que célèbre sur 900 mètres
carrés l'exposition à Boulogne-Billancourt.
Pour l'écrivain et journaliste Henri-Jean Servat, grand connaisseur de l'époque et commissaire de l'exposition, "BB n'est en rien convenable et il lui arrive de parler sans mesure"... Et l'on ajoutera que personne n'est obligé d'oublier que, plus tard, BB épousera en quatrièmes noces un sympathisant du Front national, Bernard d'Ormale, ni qu'elle sera condamnée par deux fois pour propos racistes. Il demeure pourtant qu'à elle seule, entre confiance en soi et inconscience de soi, elle a bouleversé les codes de toute une époque et qu'aujourd'hui encore on reste soufflé par l'absolue liberté qui a animé la petite bourgeoise originelle.
Le terrain n'était pourtant pas favorable. Soit la France du président Coty, bonjour l'ambiance corsetée, bien-pensante. Et alors ? En 1952, à 18 ans, même pas la majorité, le mannequin chouchou du Elle d'Hélène Lazareff et comédienne débutante se marie, malgré les réticences de sa famille, avec le cinéaste Roger Vadim, de sept ans son aîné. Bien vu! C'est Vadim qui fera de la starlette un sex-symbol planétaire avec Et Dieu... créa la femme (1956). Le rôle de Juliette l'orpheline, affolante danseuse de mambo, ancre dans les esprits les attributs qui resteront associés à BB : la cascade de cheveux blonds, les pieds nus, le corps dévoilé - dénudé ou ultramoulé. BB fait littéralement craquer les coutures et devient sans même le vouloir prescriptrice de mode: le regard charbonneux, la bouche soulignée au crayon, le Bikini, l'imprimé vichy, les ballerines, les grosses ceintures, les chapeaux de paille, les cuissardes, sans compter la fameuse "choucroute" que réactualise ces temps-ci Amy Winehouse, autre indomptable. Tout ce que tente à l'époque Bardot semble immédiatement faire signe. De vitalité, de sensualité, de jouissance.
Et, bien avant l'appel à la libération sexuelle, sa vie privée en témoigne: au divorce avec Vadim succéderont les amours avec Jean-Louis Trintignant, Sacha Distel, un remariage avec Jacques Charrier - qui lui donnera un fils, Nicolas, dont elle s'occupera peu - puis une liaison, avec un musicien brésilien, puis un autre mariage, avec le milliardaire allemand Gunter Sachs, puis une passion avec Serge Gainsbourg, notamment. BB, qui va fêter le 28 septembre prochain ses 75 ans, n'en a fait toute sa vie qu'à sa tête, pas forcément politiquement correcte. Champagne!
Source : http://www.lexpress.fr/styles/vip/bardot-c-est-show_789827.htmlAFP - le 29 septembre 2009, 08h26
Le mythe BB s'expose à partir de mardi jusqu'au 31 janvier à Boulogne-Billancourt. A cette occasion, Brigitte Bardot, qui fête lundi ses 75 ans, justifie dans une interview à l'AFP ses coups de sang, évacue ses détracteurs et assure: "Je ne regrette rien".
Q: Le changement climatique est une préoccupation majeure à l'agenda international: êtes-vous sensible à ces questions écologiques ?
R: Oui, et tout le monde s'en fout depuis trop longtemps malgré les avertissements urgents de Nicolas Hulot et d'Al Gore (ex-vice-président américain, ndlr) - les déforestations qui laissent les animaux sans territoire, le béton qui envahit la planète, les milliers d'usines qui crachent leur venin dans l'atmopshère, les milliards de voitures et d'avions qui nous asphyxient lentement et tous les élevages, plus ou moins concentrationnaires, qui dégagent des gaz et polluent les nappes phréatiques... les hirondelles ont disparu, les abeilles meurent à cause des pesticides, un poison qu'on aurait dû interdire depuis longtemps...c'est scandaleux!
Q: Mi-septembre, 500 chercheurs et 10.000 apiculteurs ont participé à Montpellier à un sommet mondial sur les abeilles, victimes d'une inquiétante surmortalité dans de nombreux pays. Que peut faire la fondation que vous avez créée dans ce domaine ?
R: Ma fondation n'a aucun pouvoir de gouvernement, elle ne peut que dénoncer, gueuler, écrire aux ministres concernés... qui ne répondent pas, ou par des "à, peu près".
Q: Vous êtes adulée et mal aimée à la fois, suite à des prises de positions radicales. Comment percevez-vous ces sentiments contradictoires ?
R: Je dis ce que je pense et je pense ce que je dis. En république démocratique, on doit avoir le droit de s'exprimer et c'est ce que je fais, même si ça ne plaît pas. Je m'assois dessus.
Q: Votre ami Henri-Jean Servat (écrivain, journaliste) estime que vous êtes "trop lucide pour être heureuse". Vous approuvez?
R: Il me connaît bien et il a raison. Mais ma lucidité me permet d'être pertinente et crédible, car je ne dénonce que ce que je connais bien et qui m'écoeure. C'est une lutte permanente, usante, mais indispensable.
Q: Regrettez-vous l'image de sex-symbol que le cinéma a donné de vous ?
R: Je ne regrette rien!
Q: Que pensez-vous de l'incarnation que Laetitia Casta donne de vous dans le film consacré à la vie de Serge Gainsbourg?
R: Elle est magnifique et c'est un bonheur pour moi qu'elle me représente.
Q: Sophia Loren vient de fêter ses 75 ans: que lui souhaitez-vous? Le 28 septembre, vous ferez de même. Qu'aimeriez-vous qu'elle vous souhaite à cette occasion ?
--- Je souhaite un bel anniversaire à Sophia Loren, ma splendide jumelle, et je lui demande d'oublier de porter de la fourrure: c'est le plus beau cadeau qu'elle pourrait me faire.