Le parlement européen devrait voter ce mardi 5 mai l'interdiction du commerce de produits issus du phoque.
Le Parlement européen vote aujourd'hui un règlement qui vise à interdire la mise sur le marché européen de produits dérivés du phoque au nom du bien-être animal. Lors de la chasse, "les phoques
sont assommés à grands coups de gourdin ou de hakapik, puis dépecés sur place parfois encore conscients", explique Christophe Marie de la Fondation Brigitte Bardot qui dénonce depuis 30 ans la
cruauté de cette activité. Si la chasse aux "blanchons" (les bébés phoques de quelques semaines qui n'ont pas encore mué) est interdite depuis 1987 au Canada, le plus important pays de chasse, il
existe toujours un marché pour la fourrure de jeunes phoques et leur graisse, particulièrement riche en oméga 3, utilisée pour la fabrication de gélules alimentaires. 216 000 phoques ont été tués
en 2008 au Canada, sur un quota de 275 000 autorisé.
Un marché "tué"
Le règlement, qui a des grandes chances d'être voté grâce à l'élaboration en amont d'un texte de compromis entre la Commission, le Conseil et le Parlement européens, n'est pas du goût des
Canadiens. "La décision européenne risque d'entraîner la fermeture d'une industrie viable qui représente jusqu'à 35% des revenus des populations inuit (24 000 personnes au Nunavut) et les quelque
6 000 pêcheurs de Terre-neuve qui comptent parmi les populations les plus pauvres et isolées du pays", regrette Loyola Sullivan, ambassadeur canadien de la Conservation de Pêches. Si le
règlement devrait protéger la chasse traditionnelle des Inuit, selon cet haut fonctionnaire, le marché sera de toute façon "tué". L'Europe importe en effet environ 90% des peaux commercialisées.
Pour ces régions du Grand Nord, "qui ont perdu 40% de leur population ces 15 dernières années à cause de l'épuisement des stocks de morue à la suite de la surpêche, l'arrêt de la chasse au phoque
est le dernier clou dans le cercueil", estime Loyola Sullivan.
Un recours à l'OMC
"Les allégations de chasse inhumaine ont par ailleurs été démenties par des études scientifiques indépendantes, ajoute-t-il. Il est inquiétant que des instances démocratiques soient à ce point au
solde de la propagande des ONG. En Europe on tue beaucoup plus d'animaux sauvages ! Chaque année en Allemagne on tue quatre fois plus de cerfs que nous ne tuons de phoques." Le ministre canadien
au Commerce International a d'ores et déjà annoncé un recours au sein de l'Organisation mondiale du commerce pour dénoncer le futur règlement européen.
Le réchauffement climatique menace
Mais selon la Fondation Brigitte Bardot, d'autres menaces guettent les phoques. "Bien sûr, durant la trêve d'une dizaine d'années qui a suivi l'interdiction de la chasse au blanchon, la
population de phoques du Groenland s'est reconstituée, explique Christophe Marie, mais elle compte aujourd'hui 5 millions d'individus contre 10 millions en 1900." Le réchauffement climatique
risque de fragiliser la situation. "En 2002, peu avant le début de la chasse, 75% des bébé phoqies sont morts noyés, trop jeunes pour nager, du fait de la faible surface et la fragilité de la
glace – la chasse n'a pas été suspendue pour autant", estime la Fondation Brigitte Bardot.
Source :
http://www.metrofrance.com/planete/l-europe-veut-mettre-fin-a-la-chasse-au-phoque/mied!OQJWRdmKTZOac/