Andy Warhol. L'homme aux 1.000 portraits
Après Picasso, c'est au tour de l'autre artiste mythique du XXesiècle, Andy Warhol, d'investir le Grand Palais. 250 portraits éclairent la personnalité du «Pape du pop».

Sur les murs blancs, les portraits réalisent une explosion de couleurs. Oranges, rouges, roses, bleus... illuminent les 15 salles de l'exposition. Andy Warhol a
immortalisé les personnalités du monde du cinéma (Elizabeth Taylor, Brigitte Bardot), de la musique (Mick Jagger, Elvis Presley), de l'art (Man Ray, Keith Haring), de la politique (Mao, Nixon),
de la mode (Sonia Rykiel, Armani)... Pour l'artiste, ces portraits devaient former un grand tableau intitulé: «Portrait de la société». Ce fils d'immigrés tchèques, pratiquants catholiques, est
né en 1928 aux États-Unis, à Pittsburgh, au début de la crise économique.
Machine à peindre
Il s'installe à New York où il devient publicitaire. En 1962, il crée ses fameuses boîtes de soupes Campbell. Mais c'est aussi l'année de la mort de Marilyn Monroe. Il peint alors le portrait de
celle qui a toujours été son idole. Désormais, tout le monde, célébrités et inconnus, veut avoir son portrait peint par Andy Warhol. Travailleur acharné, il ne s'arrêtera plus, hormis un bref
passage par le cinéma. Il réalisera plus d'un millier de portraits de commande dans la célèbre Factory où il engage de nombreux collaborateurs. Son atelier est transformé en machine à peindre.
Warhol prend les photos de ses modèles avec un Polaroïd. Une fois les photos agrandies à la taille standard (un carré d'environ un mètre de côté), le travail sérigraphique sur la toile commence.
Le procédé permet de réaliser plusieurs versions du modèle avec des couleurs différentes. Brouillant l'identité du modèle, ces tableaux inédits bouleversent les codes traditionnels du portrait.
Andy Warhol meurt le 22février 1987 à la suite d'une banale intervention chirurgicale. Une messe est célébrée à la cathédrale Saint-Patrick de New York où il aimait prier. «Toute son oeuvre est
marquée par la religion», explique Alain Cueff, le commissaire de l'exposition. De fait, à la fin de la rétrospective, des têtes de mort laissant apparaître le profil d'un nouveau-né et 112
représentations du Christ laissent le visiteur perplexe...
Provocateur mais...
Pour beaucoup, Andy Warhol n'est qu'un provocateur qui a toujours choisi l'argent et la facilité. Mais derrière cette apparence superficielle, l'exposition révèle un grand artiste insaisissable
et tourmenté. À la fois timide et audacieux, mondain et sauvage, généreux et radin, glamour et mystique, la personnalité d'Andy Warhol est remplie de paradoxes. Dans son autoportrait, on peut
lire ses rêves d'enfant pauvre épris de lumière et ses angoisses d'homme vieillissant. Il se révèle drôle, attentif et modeste dans son livre «Ma philosophie de A à B (et vice
versa)».Exposition pratique Galeries nationales du Grand Palais. Jusqu'au 13juillet. Réservations: www.rmn.fr