Appel à l’aide d’une Femme "EXCEPTIONNELLE" avec un coeur hors du commun le même que Brigitte Bardot...Alors Bougez vous on a
besoin de vous !
Bruno Ricard
(contact en bas de l'article)
Entre méprise et miracle, le sort de 3500 chiens
En tournage à Ankara en Avril 2011, je demande dans un anglais approximatif s’il existe un élevage de chiens bergers turcs
quelque part. Ces chiens ont longtemps fait partie intégrante des familles rurales turques et gardaient les troupeaux et les enfants lorsque les parents étaient aux champs.
Adil mon interlocuteur un rien étonné me demanda si je souhaitais visiter « la ferme à chiens ». Je
dis « oui », j’allais basculer dans un monde parallèle.
Le lendemain nous sortons d’Ankara et roulons environ dix kilomètres, dix kilomètres d’urbanisations récentes
modernes et pour tout dire réussies.
Puis soudain le décor change, entre zone semi industrielle et friches, derrière un cimetière, des kilomètres
de baraquements, d’enclos, de treillis, un concert d’aboiements étourdissant, une odeur âcre et forte dès qu’on ouvre la portière de la voiture. La vue de désolation qui s’offre à nous évoque
immédiatement ces baraquements pour réfugiés ou les camps de concentration que la télévision nous montre si souvent. On pense à Auschwitz à Treblinka, à l’horreur au désespoir, à la mort, on ne
sait pas si l’on ressent de la colère, de la pitié ou de la honte.
Devant ce décor d’apocalypse nous attend Eren, blonde, la quarantaine souriante, couverte de boue, une
dizaine de chiens de toutes tailles et de toutes races s’ébattant joyeusement autour de ses bottes en caoutchouc jaune, battant de la queue, jouant à qui sera caressé.
Eren est une avocate turque. En 1993 elle s’est inquiétée du sort des chiens errants qu’elle a commencé à
recueillir.
Très vite, comme devant l’insistance d’une femme qui fait un caprice, le gouvernement lui à laissé un terrain
à disposition, un terrain très vaste et dont personne ne voulait…en 1993.
Elle y a construit de ses propres deniers des niches, des enclos, des cabanes. Ses chiens étaient dix, ils
ont vite été cent, deux cents, cinq cents. Ils lui arrivent souvent malades, couverts de vermine, voire blessé par une voiture, elle a donc construit son petit dispensaire ou tous seront opérés,
soignés, remis sur pattes.
Bientôt ils ont été 1000.
Eren ne se laisse arrêter par rien, jamais elle ne baisse les bras. Elle réduit sa clientèle, ne travaille
plus que deux jours par semaine, le reste est consacré à ses chiens. Pour elle il n’y aura plus jamais de congés, de fêtes, de vacances ni même de nuits.
Ils sont 1500
Elle recueille, elle soigne, elle baptise ces chiens qui n’ont jamais connu ni famille ni caresses, qui
souvent ont peur de l’homme et elle n’oublie jamais leur nom, elle les connaît tous. Elle hante les décharges à la recherche de briques, de tôle de planches, de grillage, pour les niches, pour
les enclos. En Anatolie centrale les hivers sont rudes.
Ils sont 2000
Petit à petit, les Ankarais commencent à connaître l’œuvre de cette femme qu’ils considèrent un peu comme une
folle mais ils respectent son dévouement, bientôt ils lui apporteront les chiens errants qu’ils trouvent, on viendra lui abandonner les animaux dont on ne veut plus, parfois des chiens achetés
très cher. Parfois elle se retrouvera avec des chiens de combats. Elle n’en refusera aucun.
Ils sont 2500
Les chiens ne font pas partie de la vie des habitants d’Ankara, essentiellement citadins, ils n’ont pas de
jardin et qui de plus est, ils aiment les chats. Le chien est si étranger à leur vie que l’on emmène les enfants au zoo pour en
voir !
Chez Eren ils sont 3000.
Ses baraquements s’étendent sur des kilomètres de chemin sinueux, elle passe la journée à ouvrir des enclos
pour faire gambader un groupe de chiens et à en faire rentrer d’autres. Elle connaît toujours tout le monde par son nom et beaucoup sont nés ici. La stérilisation est impensable, ce n’est tout
simplement pas dans ses moyens. Elle trouve encore le temps d’aller fleurir dans le cimetière les petites tombes de ceux qui viennent de la quitter ou qu’elle n’a pas pu sauver, son plus grand
désespoir, celui d’arriver trop tard.
Mais sa plus grande joie, c’est qu’aucun chien n’ait jamais profité de sa liberté pour se sauver et pourtant
son terrain n’est pas clôturé.
Ils sont aujourd’hui 3500 et se plaisent chez Eren.
La plupart ne sont pas adoptables, ils sont nés sauvages, n’ont pas été éduqués et sont souvent des adultes
de grande taille, les adoptions sont rarissimes et d’ailleurs je ne sus pas sûre qu’elle y tienne vraiment, je ne pense pas qu’Eren se fasse des
illusions sur l’homme et son amour des animaux.
Une première fois, Eren a failli voir son œuvre anéantie. Des promoteurs immobiliers ont fait des offres au
gouvernement pour son terrain si vaste et si bien placé, au cœur maintenant d’une urbanisation galopante. Terrain dont elle n’est pas propriétaire.
La date d’expulsion avait été fixée, et avec elle la date d’extermination de 3500
chiens.
C’est alors que le miracle a eu lieu. La fée des animaux a été
sauvée par les animaux.
Le gouvernement turc, très à cheval sur les réalités écologiques de son pays s’est avisé que « la ferme
aux chiens » était en plein milieu d’une voie migratoire pour les oiseaux et a immédiatement classé la zone « non constructible et protégée ». Ainsi les chiens d’Eren furent à
nouveau sauvés, cette fois par les hirondelles et les cigognes.
Mais l’œuvre et le combat d’Eren ne sont pas sauvés pour autant. Depuis 1993, soit depuis 18 ans, elle n’a
reçu aucune aide d’aucune sorte de personne. Elle est seule, complètement seule. Cette année, pour la première fois, un bénévole est venu l’aider. Un canadien. Eren n’a pas droit à la maladie, à
la fatigue, à la blessure, c’en serait fini de 3500 vies.
Chaque jour qui passe, le gouvernement peut décider de reprendre son terrain, et la nuisance sonore et
visuelle de la ferme aux chiens commence bien entendu à déranger ses plus proches riverains.
Alors Eren vit dans la peur, la peur d’être chassée, la peur de ne plus pouvoir, tout
simplement.
Elle n’espère qu’une seule chose : que la communauté internationale et surtout européenne dont l’opinion
compte tant aux yeux du gouvernement turc la connaisse et la fasse connaître.
Elle aurait alors des chances d’être considérée d’intérêt public, on ne pourrait plus la chasser, elle
pourrait obtenir des aides, rêver à un système d’égouttage, à une nourriture saine, à des stérilisations au confort de ses 3500 protégées.
Eren n’a pas de mail, pas de site web, pas de profil Facebook, elle n’en a pas les moyens et surtout pas le
temps, se faire connaître prendrait un temps qu’elle devrait prendre à son tour à ses chiens. Il n’en est bien entendu pas question.
C’est le hasard qui l’a mise sur mon chemin, mais qui a dit que
les miracles n’ont lieu qu’une fois ?
J’ai beaucoup pleuré lorsque j’ai visité la « ferme aux chiens », et j’ai été moi-même adoptée par
quelques chiens dont une femelle berger dont le regard gris bleu me hante encore.
Mais Eren aussi a pleuré. Une seule fois. Lorsque je lui ai dit que j’enverrais ce courrier à la fondation
Brigitte Bardot.
Alors elle a joint les mains, levé les yeux au ciel et dit « Oh,
madame Brigitte Bardot, je l’aime tant ». Alors ses larmes ont coulé. Avec les miennes.
Celine Colassin.
Depuis dix-huit ans cette femme se bat seule jusqu’à la limite de ses forces. Celle de ses moyens est
dépassée depuis bien longtemps. Elle n’a rien demandé, jamais à personne. Mais le jour où elle flanchera, ou elle devra tout simplement céder, c’est l’œuvre d’une vie qui s’anéantira et des
milliers de chiens qui en mourront.
Je m’engage ici à lui servir de relais avec toute personne et toute organisation qui souhaiterait et pourrait
lui venir en aide d’une manière ou d’une autre.
celine.colassin@hotmail.com
ou via Facebook Celine Colassin : http://www.facebook.com/search.php?q=celine.colassin&init=quick&tas=0.7336255580870977&search_first_focus=1304629539171#!/celine.colassin