Quand Nicolas Hulot parle de démission à Brigitte Bardot
Le ministre aurait promis à Bardot de démissionner l'été prochain si leurs causes n'avançaient pas. Un entretien rapporté par la star dans son livre.
Entre les deux, le torchon brûle, même s'ils sont toujours restés en contact... Ravie et confiante de voir Hulot nommé ministre de la Transition écologique au printemps dernier, la pasionaria des animaux a vite déchanté, c'est peu de le dire. Dans son dernier livre, Larmes de combat (Plon), elle raconte sans filtre les discussions qu'elle a eues ces derniers mois avec l'ancien compagnon de route des défenseurs de la cause animale, devenu, selon elle, un pantin au sein du gouvernement Macron.
Je ne sais pas ce que je peux faire
« Nos premiers échanges refroidirent toutes mes attentes, écrit-elle. En juin 2017, le maire du Luc se battait pour empêcher l'installation d'un cirque avec animaux sauvages sur son sol, j'appelai donc Nicolas Hulot pour qu'il fasse respecter la loi, il me répondit cette phrase lourde de sens : Je suis ministre, mais je ne sais pas ce que je peux faire. »
Pendant l'été, la crise est à son comble : le nouveau ministre autorise l'abattage de 40 loups en France sur 12 mois, Brigitte Bardot se déchaîne, traitant Hulot de « vendu et de lâche » dans Var-Matin, déplorant notamment son manque de parole : « Je suis écœurée de voir comment il retourne sa veste. » À l'affaire des loups venait s'ajouter la reprise de la chasse au sanglier, alors que le Var venait d'être dévasté par de gros incendies. La Fondation Bardot avait demandé un moratoire, elle n'avait pas été écoutée, d'où le ras-le-bol de la star.
Une colère qui n'est pas passée inaperçue, si l'on en croit l'anecdote rapportée par l'actrice dans son livre confession. « Et puis, un soir d'août, il m'appela à La Madrague. J'étais prise de court, il était penaud, il se confondit en excuses : Je ne veux pas que vous soyez fâchée contre moi. Et il m'expliqua pourquoi il avait été contraint de signer cette autorisation, sinon, il aurait démissionné. Je l'encourageai donc à prendre une telle décision qui symboliserait la lutte contre l'inertie et le scandale politique. Nicolas Hulot me signifia qu'il voulait rester au gouvernement pour défendre au mieux la cause que nous partagions depuis toujours, pour faire changer les mentalités. Avant de raccrocher, il me promit : Si dans un an, je n'ai rien changé et je n'arrive à rien, à ce moment-là, je partirai. » Ce qui porte l'échéance à l'été 2018...
Partira, partira pas ? Depuis ses débuts, le ministre a été critiqué par les militants pour sa tiédeur sur plusieurs dossiers – le nucléaire ou l'accord Ceta de libre-échange avec le Canada par exemple – même s'il vient d'obtenir gain de cause sur l'abandon du projet d'aéroport à Notre-Dame-des-Landes. Dans ses récents vœux à la presse, Nicolas Hulot a lui-même avoué certaines frustrations et colères personnelles sur des dossiers, tout en affirmant qu'il fallait se montrer patient : « Je ne peux pas, à chaque fois que quelque chose me semble ne pas aller assez vite, dire Je m'en vais, je ne pense pas que ce soit une attitude responsable. » Une approche conciliante qui n'a pas séduit, semble-t-il, Brigitte Bardot. « Bien que sincère, ce coup de fil ne me convint pas, car je pense que le combat animal est sans concession, sans demi-mesure », écrit-elle dans son livre testament. Elle espère toujours des actes concrets, à savoir des lois fermes contre l'hippophagie, l'élevage pour la fourrure, ou encore l'abattage rituel des animaux sans étourdissement... Nicolas Hulot n'est pas l'abri de nouvelles attaques incendiaires dans les mois qui viennent.