INTERPOL TRAQUE DES FUGITIFS POURSUIVIS POUR CRIMES CONTRE L’ENVIRONNEMENT
C'est une procédure rarissime que vient de mettre en place Interpol. L’Organisation internationale de police criminelle lance un appel à témoins pour tenter de retrouver sept fugitifs activement recherchés pour crime contre l’environnement.
C’est une traque mondiale qui a débuté le mardi 4 juin 2019 pour Interpol. L’Organisation internationale de police criminelle a en effet diffusé un appel à témoins planétaire dans le but de retrouver sept fugitifs poursuivis judiciairement pour crimes contre l’environnement. Trafic illégal de trophées de chasse, commerce d’espèces protégées, exploitation forestière illégale et trafic d’ivoire : les chefs d’accusation contre ces hommes ne manquent pas, mais eux, restent introuvables. Des avis de recherche ont donc été lancés par leurs pays d’origine, la Chine, la Grèce, le Kenya et le Royaume d’Eswatini (ex Swaziland). Une démarche très rare pour Interpol, qui a plus l’habitude de lancer des appels à témoins pour pédophilie, meurtres ou trafics de drogue.
"Interpol en appelle à la communauté mondiale : ces individus doivent habiter quelque part, ils doivent voyager, se déplacer, socialiser. Quelqu’un sait où ils se trouvent et nous demandons au public de nous aider à les traduire en justice", a déclaré le directeur exécutif et numéro deux d’Interpol, Tim Morris. L’organisation policière rappelle d’ailleurs que toutes personnes détenant des informations sur ces individus sont appelées à les lui communiquer très rapidement. Une adresse mail a ainsi été créée : fugitive@interpol.int.
Aujourd’hui, Interpol estime que les crimes contre l’environnement, aussi appelés crimes d’écocide, génèrent entre 100 et 250 milliards d’euros de bénéfices illégaux par an. "Il faut savoir que la criminalité environnementale est toujours connectée avec d’autres formes de criminalité, et en premier lieu, le terrorisme. Devant le trafic humain et de drogues, c’est la criminalité environnementale qui finance le terrorisme. Lutter contre les crimes d’écocide est un moyen d’affaiblir le terrorisme", explique Sébastien Mabile, avocat et spécialiste du droit de l’environnement, au journal Le Monde.
Définit comme "un crime impliquant ou entraînant des ravages écologiques, l’exploitation illicite de ressources naturelles ou l’expropriation illicite de terrains", le crime d’écocide a été reconnu en 2016 par la Cour pénale internationale (CPI) comme crime contre l’humanité. En revanche, en France, il n’est toujours pas inscrit dans le code pénal et ce malgré une première tentative de loi, rejetée par le Sénat en mai 2019. Depuis, l’Hexagone attend une nouvelle proposition.