Chasse en enclos à Sept-Saulx dans la Marne: des photos scandalisent la toile
Les clichés des trophées de chasse du domaine des vignes ont révolté les réseaux sociaux, vendredi et samedi. Si la pratique est légale, c’est la publicité qui en a été faite qui a révulsé les internautes. Des politiques et des militants de la cause animale ont pris position.
Des chasseurs qui posent fièrement carabine à la main, le genou appuyé sur des cervidés, des sangliers, des mouflons ou des daims tout juste abattus. Cette scène, que l’on a plutôt l’habitude de voir dans des albums de safaris, se déroule pourtant à deux pas de Reims et Châlons, dans un enclos qui porte le nom de Domaine des vignes.
Si la société qui exploite ce terrain de 330 hectares ouvert il y a plus de deux ans fait parler d’elle maintenant, c’est en raison de photos publiées sur le réseau social Twitter. Tout part d’un tweet du journaliste de France Télévision Charles-Henry Boudet, qui mentionne qu’il a pu « approcher des daims, bagués et issus d’un élevage, qui tournent en rond », alors qu’il rentrait d’un reportage à Mourmelon-le-Grand.
S’en suit toute une série d’autres tweets mentionnant des clichés publiés sur le compte Facebook du Domaine. On y voit les gibiers morts avec des légendes qui indignent les internautes : « Photo souvenir de la journée de lundi. Soleil, convivialité, sécurité et gibier » ; « Quel bonheur d’avoir pu partager cette journée d’approche avec un papa et son fils. Premier cerf pour le papa. Premier daim pour le fils ».
Très rapidement, les politiques s’en mêlent. Éric Quénard, élu d’opposition à la ville de Reims, évoque son « dégoût », alors que Mario Rossi parle « d’écœurement ». « On est loin du chasseur régulateur, amoureux de la nature », enchaîne le conseiller municipal rémois. Même le maire Arnaud Robinet, pris à partie à tort par des militants lui reprochant d’avoir autorisé cette installation, a répondu : « Inutile de m’interpeller ou de m’insulter. Près de Reims ne veut pas dire à Reims. À titre personnel, je ne soutiens pas ce type de chasse. » Élie Rosière, militant écologiste évoque « une honte » alors que Christophe Marie, porte-parole de la fondation Brigitte Bardot, demande aux chasseurs de prendre position. « Outre l’espace clos, ces animaux nourris par l’homme ne sont plus en situation de fuir, autant de cibles faciles pour les chasseurs dont le seul plaisir ici est de tuer. Ceux qui se présentent comme premiers écologistes de France devraient être les premiers à condamner cette pratique. »
Jacky Desbrosse, président de la fédération départementale de la chasse de la Marne, reconnaît d’emblée que ce type de photos « n’est pas vendeur ». Il évite d’ailleurs soigneusement d’en prendre. « Je ne publie jamais de photos. Je tue les animaux pour les manger. On sait, par rapport au grand public qui a perdu une partie de ses racines, que ces clichés ne sont pas acceptés », témoigne-t-il.
Postés dans des miradors
Il précise toutefois qu’il n’a « aucun état d’âme », à ce que la chasse en enclos continue. « C’est un dispositif réglementaire. Je n’en fais pas la promotion mais ces domaines sont suivis et encadrés par l’État. » Selon ses informations, le nombre de sociétés de ce type reste stable ces derniers temps après un boum il y a une vingtaine d’années. « La clientèle est essentiellement internationale ou vient de région parisienne », explique-t-il. Un autre domaine situé juste en face existe depuis 31 ans sans que personne n’y trouve rien à y redire.
Les chasseurs déboursent des sommes comprises entre 2 200 et 3 200 euros pour quatre à six jours sur le domaine. Ils sont postés dans des miradors et sont autorisés « à prélever cinq animaux sur la journée dans le respect du plan de chasse expliqué le matin par le directeur de battue », précise le site internet du Domaine des vignes. Contacté, le gérant dont le numéro de téléphone est basé en Belgique, n’a pas répondu à nos sollicitations Ce samedi, il a supprimé sa page Facebook et les photos mises en cause.