Bardot vue par une gamine...

Publié le par Ricard Bruno

Bardot vue par une gamine...

Icône. Marie Céhère, 20 ans et quelques, consacre son premier livre à Brigitte Bardot. La preuve que BB inspire encore les gamines d’aujourd’hui.

Qu’est-ce qu’une gamine branchée de 20 ans peut bien trouver à Brigitte Bardot? Tout. C’est le premier intérêt du livre signé Marie Céhère, Brigitte Bardot - L’art de déplaire, qui raconte BB pas à pas, avec intelligence, empathie, curiosité, humour et érudition, en cherchant à comprendre comment, et pourquoi, le mythe s’est construit.

Marie Céhère n’est pas une inconnue: née à Lyon il y a vingt-quatre ans, la brunette lolita à la frange boudeuse monte à Paris il y a deux ans rejoindre l’écrivain et philosophe suisse Roland Jaccard après quelques semaines d’une relation épistolaire torride et décalée, narrée l’an dernier dans Une liaison dangereuse.

Devenue sa compagne, elle tient un blog de critique littéraire (mariecehere.com), collabore aux magazines Causeur et La Nouvelle Quinzaine littéraire. Elle figure aussi en tant que muse dans la plupart des vidéos que l’écrivain nihiliste et dandy livre régulièrement sur les réseaux sociaux.

Paradoxe fait femme

Le fil que tisse Marie Céhère est celui de la chanson composée par Gainsbourg pour BB en 1963: Je me donne à qui me plaît. De cette affirmation de base naissent tous les paradoxes, tous les amours, toutes les haines, tous les scandales, toutes les méprises dont Bardot, née Brigitte Anne-Marie Bardot le 28 septembre 1934 à Paris, fait l’objet. «Cauchemar des taxinomistes», depuis son rôle de Juliette Hardy dans Et Dieu créa la femme en 1956 et la déflagration qui s’ensuivit, impossible de lui coller une étiquette.

Elle est tout à la fois actrice, muse intello via Godard et paillettes via Hollywood qui la courtise, vedette de télévision, scandale national et star planétaire, figure de Saint-Tropez, enfant femme, mannequin, activiste de la cause animale, symbole de la libération sexuelle, soutien du général de Gaulle autant que de Marine Le Pen.

Paradoxe fait femme, elle prouve que l’on peut passer entre les bras d’hommes aussi divers que Michel Piccoli, Roger Vadim, Jack Palance, Gilbert Bécaud, Serge Gainsbourg ou Bernard d’Ormale, incarner les révolutions de Mai 68 tout en critiquant Mai 68, se balader seins et fesses à l’air tout en se revendiquant prude. Jeune fille moins facile que «compliquée», selon ses amants, «déesse next door» qui n’aimait pas particulièrement le cinéma et s’ennuyait devant les caméras, féministe qui a toujours recherché la présence d’un homme fort à ses côtés.

Déplaire pour plaire

En 1987, elle poursuivit en justice Catherine Rihoit, auteur d’une biographie intitulée Brigitte Bardot, un mythe français, sous le prétexte qu’elle refusait de se voir ainsi qualifiée. Et obtint gain de cause.

«En 1954, il s’agissait d’être vertueuse, et Bardot ne l’était pas. En 1975, il s’agit d’être licencieuse, et Bardot ne l’est toujours pas. Elle ignore ces deux termes», écrivait Sagan, qui en connaissait un bout en termes de liberté. Marie Céhère, qui en connaît assurément un bout en ce domaine, écrit que BB incarne «la liberté de choisir, et de choisir de ne pas choisir entre la morale et l’impératif de plaisir».

Bardot ne s’excuse jamais. Ni d’être, ni d’avoir été, ni d’être devenue. Marie Céhère résume fort bien son amertume depuis les années 1990 par une question: «BB a-t-elle trahi la France? La France a-t-elle trahi BB?» Désormais autoproclamée misanthrope, d’une maladresse xénophobe et homophobe outrancière, à la fois respectée pour son combat et peu citée en exemple par les militants véganes et antispécistes, il lui manque une caution de politiquement correcte.

Pas assez de gauche, pas assez idéologue, pas assez disciplinée. Déplaire pour mieux plaire: ses prises de position politiques, que l’on assimile aux dérapages incontrôlés d’une vieille actrice aigrie, sont en fait «la seule manière de continuer à être BB, l’insoumise-née». 

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Publié dans le web en parle

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