Oise : Un député violenté par le « service d’ordre » d’une chasse à courre

Publié le par Ricard Bruno

CHASSE Dimitri Houbron (LREM) était venu incognito assister à une chasse à courre à Compiègne en compagnie des militants de l’association AVA

Oise : Un député violenté par le « service d’ordre » d’une chasse à courre
  • Une chasse à courre se tenait, samedi, en forêt de Compiègne, dans l’Oise.
  • Le député LREM Dimitri Houbron avait décidé de venir incognito en observateur avec des militants de l’association AVA.
  • L’élu dénonce un climat tendu, et même des violences, de la part des « marcheurs », une sorte de service d’ordre des chasseurs.

C’est la boulette. Samedi dernier, comme souvent, une partie de chasse à courre avait été organisée en forêt de Compiègne, dans l’Oise. Et comme souvent aussi, des militants de l’association AVA étaient présents pour observer le déroulement de la chasse. Sauf que cette fois, parmi eux et incognito, se trouvait Dimitri Houbron, député du Nord (LREM). L’élu, ouvertement opposé aux chasses traditionnelles, avait souhaité se rendre compte par lui-même des tensions rapportées par les médias et sur les réseaux sociaux entre les pro et les antivénerie. Il n’a pas été déçu par l’accueil mouvementé qui lui a été réservé.

Député de la majorité, Dimitri Houbron ne cache pas son opposition aux pratiques telles que la vénerie sous terre ou la chasse à courre. A l’instar de plus de 900.000 Français, dont 185 parlementaires, il a d’ailleurs signé le référendum d'initiative partagée pour les animaux visant à interdire ces pratiques. « Avant de signer, j’avais pris contact avec l’association AVA pour comprendre les raisons qui motivaient ces militants à se mobiliser contre la vénerie », explique l’élu. Il avait même poussé l’expérience plus loin en allant assister, entre les deux confinements, à une chasse à courre avec l’association. « Ça n’avait pas été aussi tendu que ça l’a été samedi. Ce n’était même quasiment pas violent à l’époque alors que là, c’était particulièrement compliqué », assure-t-il.

« Je me suis pris des coups de pied pour me faire trébucher »

Samedi, Dimitri Houbron est retourné sur le terrain, en forêt de Compiègne, dans l’Oise. « L’association AVA avait eu de gros soucis il y a deux semaines. Les militants avaient peur d’y retourner et ils m’ont sollicité pour que je sois une sorte de pare-feu si les choses devaient dégénérer », explique-t-il. Selon le député, l’ambiance a très vite dégénéré dès leur arrivée sur place : « Au début de journée, c’était très tendu et même violent. Je me suis pris des coups de pied pour me faire trébucher par des jeunes portant des gilets jaunes avec l’inscription ''J’aime la chasse'' », affirme-t-il.

Ces personnes en gilets jaunes, ce sont les « marcheurs » comme ils s’appellent entre eux. Il s’agit d’une sorte de service d’ordre déployé pour « encadrer la présence de nos opposants sur le terrain », décrit la Société de vénerie. « Ils étaient très astucieux, pour éviter d’être filmés par nos caméras, ils se mettaient sur le côté pour nous faire des croche-pied », poursuit le député. Ce petit manège a duré jusqu’à ce que Dimitri Houbron fasse finalement état de sa qualité de député de la République en brandissant sa carte de parlementaire. « Côté chasseurs et ''marcheurs'', ils étaient une centaine alors que nous n’étions qu’une vingtaine. Les choses auraient très vite pu s’envenimer », déplore-t-il. Le sésame tricolore a fait son effet et les violences ont cessé aussitôt : « Le petit jeune qui m’avait donné des coups de pied est même venu me voir en s’excusant presque, disant qu’il pensait que j’étais membre d’AVA. Mais que je sois militant ou parlementaire, la violence ne se justifie pas. »

Les événements de samedi n’ont fait que conforter le député dans sa position contre la chasse à courre. Pour autant, Dimitri Houbron sait que l’interdire ne sera pas si facile. Selon lui, des parlementaires signataires du référendum se sont même retirés « sous la pression du lobby des chasseurs ». « Le monde de la chasse fait corps autour de la vénerie. Ils pensent qu’interdire une pratique comme la chasse à courre, c’est ouvrir une boîte de Pandore », analyse le député. Réaliste, il reconnaît qu’aucune velléité de légiférer sur le sujet n’aboutira avant l’élection présidentielle. « Pour avoir une chance de voir bouger les choses, il faut que les candidats à la présidentielle se positionnent clairement à propos des chasses traditionnelles », insiste Dimitri Houbron.

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