Hôtels de légende. « La Ponche, une maison de village »

Publié le par Ricard Bruno

À Saint-Tropez, La Ponche porte toujours l’empreinte de Bardot. Enfant du pays, Audrey Brémond dirige cet hôtel culte.

Sur les hauteurs de Saint-Tropez, La Ponche, immuable. | LA PONCHE

Sur les hauteurs de Saint-Tropez, La Ponche, immuable. | LA PONCHE

Quelles sont les origines de la Ponche ?

« La Ponche, c’est avant tout le nom provençal d’un quartier de Saint-Tropez, à la pointe de l’ancien port des pêcheurs où ils amarraient ces petits bateaux locaux nommés « pointus ». En 1938, dans l’une de ces maisons de pêcheurs, Marguerite Quindici et Lucien Armando ouvrent un estaminet destiné aux gens du quartier. Ce sont les parents de Simone Duckstein, qui restera propriétaire de La Ponche jusqu’en 2020. Le simple caboulot des débuts prend de l’envergure après-guerre lorsqu’il se transforme en hôtel. Marguerite et Lucien achètent d’abord les deux étages au-dessus du bar, puis la maison de pêcheurs d’à côté, puis d’autres attenantes… Peu à peu, la Ponche réunit une vingtaine de chambres réparties sur sept parcelles. »

Hôtels de légende. « La Ponche, une maison de village »

Qui lance la célébrité de Saint-Tropez ? Colette ? Françoise Sagan ? Brigitte Bardot ?

« En 1925, déjà célèbre, Colette achète une petite maison, la « Treille muscate » à la baie des Canebiers. Mais en 1938, elle trouve qu’il y a trop de curieux et vend sa propriété à l’acteur Charles Vanel. Le quartier de la Ponche commence à s’animer car après-guerre, par vagues successives, des Parisiens apprécient leurs séjours à Saint-Tropez. Au début des années 50, Françoise Sagan entraîne ses amis vers La Ponche dont elle a fait son quartier général. Saint-Germain-des-Prés prend ses habitudes d’été à l’hôtel qui s’est agrandi au fil des années. Parmi les clients, il y a Boris Vian, qui passe souvent derrière le bar, des photos en témoignent ! Il s’entendait très bien avec la propriétaire, Marguerite. Au sous-sol, une petite scène de bric et de broc rappelle les caves de Saint-Germain. Juliette Gréco, Bernard et Annabel Buffet, Sartre et Beauvoir, comptent parmi les fidèles de cette période qui a duré une dizaine d’années. »

Appartement Picasso à La Ponche. | LA PONCHE

Appartement Picasso à La Ponche. | LA PONCHE

Et Brigitte Bardot créa Saint-Tropez ! Le tournage du film de Vadim rend le petit port célèbre ?

« Bardot n’a pas attendu le tournage d’« Et dieu créa la femme » pour découvrir La Ponche. Elle connaissait Saint-Tropez où elle venait en vacances avec ses parents. Simone Duckstein raconte dans ses souvenirs qu’elle croisait Brigitte Bardot, pas encore célèbre, en famille au petit-déjeuner. »

Quelles personnalités ont eu leurs habitudes à La Ponche ?

« Les noms des chambres donnent des indications. C’est Simone qui a eu l’idée de baptiser ainsi chaque chambre du nom de fidèles clients : Pompidou, Kenzo, Romy Schneider, Michel Galabru, Louis de Funès, Gunter Sachs, Jean-Louis Trintignant, Maurice Ronet, Michèle Morgan, Roland Petit… Et depuis que nous avons repris la direction de l’hôtel, nous avons nommé une chambre Simone Duckstein en hommage à celle qui a veillé si longtemps sur La Ponche. »

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Quelles anecdotes restent des séjours de ces célébrités ?

« L’une d’elles concerne Michel Galabru. Pendant qu’il séjournait dans sa chambre au premier étage, il a entendu l’échange entre les producteurs du « Gendarme de Saint-Tropez » qui discutaient juste sous sa fenêtre :  Il nous faudrait quelqu’un comme Galabru car il n’est pas cher !  Mais à La Ponche, ce sont les murs qui connaissent les histoires… Et Simone ! »

Restaurant La Ponche...

Restaurant La Ponche...

À titre personnel, quel est votre lien à cet hôtel ? Comment le définiriez-vous ?

« Je suis née et j’ai grandi à Saint-Tropez. Donc cet endroit appartient naturellement à ma mémoire. Enfant, puis adolescente, j’ai passé des heures dans ce quartier. Quand le nouveau propriétaire, M. Saltiel pour qui je travaillais déjà, m’a proposé la direction, c’était comme revenir chez moi ! Je vois La Ponche comme une maison de mon village qui a gardé son authenticité. On peut y vivre en mode discret, au rythme du quartier, à la fois à l’abri des curieux et au cœur de Saint-Tropez, à deux pas du port et du marché, goûter le charme du labyrinthe des passages et des escaliers qui relient les différentes parties de l’hôtel aux autres, selon une distribution assez anarchique à laquelle nous tenons. Loin du caractère superficiel de Saint-Tropez mis en avant l’été, La Ponche préserve la simplicité du village de pêcheurs de jadis. »

Quel endroit de La Ponche préférez-vous ?

« La chambre Romy Schneider ! C’est la plus haute de l’hôtel. Sa terrasse exceptionnelle offre une vue à 360° sur la mer, la citadelle et le clocher. De là-haut, on est à l’abri des regards, mais on voit tout. »

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