Ehpad : les séniors pourront-ils bientôt s'installer avec leurs animaux de compagnie ?

Publié le par Ricard Bruno

Une mesure de la proposition de loi sur le "bien-vieillir", examinée dès ce mardi 6 février au Sénat est particulièrement débattue : sanctuariser le droit des résidents en Ehpad à accueillir leur animal de compagnie. L'idée soulève de nombreuses difficultés selon ses opposants.

86 % des Français plébiscitent le droit des résidents d’accueillir leur animal domestique en Ehpad, selon un sondage Ifop pour la Fondation 30 millions d'amis.

86 % des Français plébiscitent le droit des résidents d’accueillir leur animal domestique en Ehpad, selon un sondage Ifop pour la Fondation 30 millions d'amis.

Les animaux pourront-ils bientôt suivre leur maître âgé lors de son entrée en Ehpad ? C'est l'une des mesures phares de la proposition de loi sur le "bien-vieillir" qui est examinée dès ce mardi 6 février par les sénateurs. Ce texte vise notamment à mieux reconnaitre le travail des aides à domicile, avec la création d'une carte professionnelle mais aussi le développement d'un fonds de soutien aux départements, chiffré à 100 millions d'euros, pour qu'ils participent aux frais de transports des professionnels de l'aide à domicile

 

D'autres mesures portent sur le bien-être des personnes âgées : l'inscription dans la loi du droit de visite dans les Ehpad, après le traumatisme de nombreuses familles lors de la crise du Covid-19 ; ou encore l'instauration d'un service départemental de l'autonomie en vue de "décloisonner" les politiques en faveur des personnes âgées et en situation de handicap.

Eviter l'abandon d'un animal

Une mesure, introduite lors des débats à l'Assemblée est assez commentée : sanctuariser le droit des résidents en Ehpad à accueillir leur animal de compagnie. C'est une demande de longue date de nombreuses associations, dont 30 millions d'amis. L'idée est d'ailleurs plébiscitée par 86% des Français selon un sondage Ifop commandé par l'organisation.

 

Pour le moment, l'accueil ou non des amis à quatre pattes des résidents est à l'appréciation des Ehpad. Ils sont encore peu acceptés, mais chiens et chats apportent pourtant du réconfort à leur maître. Le député LR Philippe Juvin, à l'origine de cet amendement estime auprès de l'AFP que "l'Ehpad doit être un lieu de liberté équivalente au domicile. Quand on y entre, c'est déjà une rupture, ajouter à cela l'abandon contraint d'un animal est intolérable".

De son côté, l'AD-PA, association des directeurs d'Ehpad et services à domicile, approuve l'accueil des animaux. "Il faut rompre avec le modèle sécuritaire et sanitaire des établissements, qui conduit à des mesures liberticides", défend son président Pascal Champvert auprès de l'AFP. La priorité est pour lui de "respecter les habitudes de vie des hommes et des femmes" intégrant un Ehpad.

 

La frilosité du Sénat

Si l'amendement de Philippe Juvin a été voté par les députés, il a été modifié par les sénateurs. Ces derniers souhaitent laisser la main aux établissements. "J'ai cru tomber de ma chaise... Garantir un tel droit poserait de nombreux problèmes : hygiène, allergies, phobies, compatibilité entre animaux", s'inquiète le sénateur Daniel Chasseing (Parti radical) dans un entretien avec l'AFP.

Avec un âge moyen d'admission en Ehpad à 85 ans, une telle mesure soulève certaines questions : qui s'occupera de l'animal en cas de perte d'autonomie ou d'hospitalisation du propriétaire ? La présidente de la Fondation 30 millions d'amis, Reha Hutin, estime que "des solutions existent, la famille peut prendre le relais, des bénévoles peuvent aussi venir prêter main forte""Il faut définir un cadre afin d'éviter ces séparations cruelles", tant pour le maître que pour le chien ou le chat, parfois abandonné en refuge.

Un projet pilote va être mené à partir du mois de mai dans un Ehpad de Libourne, en Gironde.

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