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Publié le par Ricard Bruno

Bonjour,

Je ne comprends pas du tout comment on peut laisser faire ça, quelle honte..

Bruno Ricard

Le puppy yoga, qui mêle le yoga au câlinage de chiots, fait fureur à Bordeaux. Nous avons assisté à une séance et rencontré des professionnels du secteur, plus ou moins convaincus.

Les participantes d’une séance de puppy yoga à Bordeaux.

Les participantes d’une séance de puppy yoga à Bordeaux.

La position du chien tête en bas n’a jamais aussi bien porté son nom. Depuis plusieurs mois, le « puppy yoga » séduit de plus en plus de Bordelais. L’activité mêle la pratique de ce sport méditatif à celle – qui n’en est pas une à part entière – du câlinage de chiots.

À Bordeaux, où les entreprises de puppy yoga sont de plus en plus nombreuses, Philippe Périn et sa compagne Victoria ont ouvert leur propre business début 2024. Chaque samedi et dimanche, les trois séances quotidiennes à 40 euros par personne affichent complet. Une aubaine pour les gérants, mais aussi pour les éleveurs et les professeurs de yoga avec qui ils travaillent.

Le hic : l’implication de chiots âgés de 8 à 10 semaines pose question. Si Philippe assure avoir à coeur leur bien-être, le syndicat national des professions du chien et du chat (SNPCC) et la fondation Brigitte Bardot (FBB) ne sont pas du même avis. 

Les séances de puppy yoga

Les standards du puppy yoga diffèrent selon les entreprises, étant donné qu’elles ne sont soumises à aucun contrôle. « J’ai assisté à des séances à Paris où les chiots se promenaient pendant que les participants pratiquaient leurs positions, parfois ils faisaient 8 séances par jour », s’indigne Philipe Périn.

Lui a décidé de diviser ses séances en deux, avec une première demi heure de yoga sans les chiots avant de les introduire dans la salle. Les participants les accueillent assis en cercle sur leurs tapis pendant un bon quart d’heure, avant quinze minutes de relaxation où ils sont couchés au sol – et souvent distraits par les animaux.

De quoi donner le sourire aux yogis qui découvrent souvent ce sport par la même occasion, comme l’explique Louise Dupré, professeure partenaire de Puppy Yoga Bordeaux. « Je n’en avais jamais fait et ça m’a donné envie de continuer même sans les chiots », confirme Margot, une participante, à la sortie d’une séance.

Pour Louise Dupré, la pratique du yoga est compatible avec le câlinage de chiots justement grâce à la demi-heure de séance qui ne les inclut pas. « Sinon, ce serait presque dangereux de faire des positions de yoga au-dessus d’eux », soutient-elle. Mais le type de séances pratiqué par Puppy Yoga Bordeaux est rare, et l’activité reste décriée par les défenseurs de la cause animale.

Adoptions impulsives ?

« Tout le monde y gagne, sauf les chiens », s’insurge Anne-Marie Le Roueil, présidente de la SNPCC. Les éleveurs traversent une passe difficile face à la concurrence des particuliers, certes, « mais il faut penser au bien-être du chiot ». 

Même son de cloche à la Fondation Brigitte Bardot, qui s’inquiète que présenter des chiots à des clients qui ne seraient pas dans une démarche d’achat pousse à des adoptions irréfléchies. Mélanie Fourrier, éleveuse en Gironde et partenaire de Puppy Yoga Bordeaux, assure pourtant qu’aucun participant n’a jamais souhaité adopter ses chiots, souvent réservés avant même d’atteindre les 8 semaines d’âge légal pour participer aux séances.

Et Philippe Périn d’ajouter que les éleveurs ne sont « pas rémunérés mais seulement payés une compensation pour leur trajet ». Ils n’y gagneraient donc qu’en visibilité, rien de plus. « Et puis ça permet aux chiots de sociabiliser », précise aussi Mélanie Fourrier, immédiatement contredite par la FBB et le SNPCC. 

« Ils ont besoin d’être familiarisés aux autres espèces, mais là ils sont sollicités pour le seul bien-être de l’humain sans possibilité de se soustraire aux manipulations », tranche Anne-Marie Le Roueil. « Celui qui a inventé ça ne devait pas avoir ses chacras si alignés que ça », termine-t-elle en citant les paroles d’une éleveuse membre du syndicat.

Boire ou ne pas boire, telle est la question

« Ce qui pêche, ce sont les conditions dans lesquelles les animaux sont présentés et détenus pendant la séance », souligne Lorène Jacquet, responsable campagnes et plaidoyer à la FBB. Selon elle, ils sont souvent sous-alimentés et très peu abreuvés, pour éviter qu’ils ne défèquent sur les tapis lors des séances. 

Et actu Bordeaux a pu constater la situation inverse lors d’une séance chez Puppy Yoga Bordeaux. Aucun doute là-dessus, ce dimanche 17 mars, les chiots avaient été abreuvés et nourris : les deux gérants et l’éleveuse ont passé la moitié de leur temps à nettoyer derrière eux pendant la séance, parvenant à couvrir l’odeur de leurs déjections à coups de désinfectant sans déranger les participants, trop affairés à caresser les chiots.

Pas prête de disparaître

Quant à leurs conditions de détention, pendant les demi-heures où ils n’intéragissent pas avec les yogis, les petits chiens étaient installés sur la terrasse de Puppy Yoga Bordeaux. Un accueil en extérieur assez rare dans le milieu pour le souligner. 

Les bébés golden retriever et bouledogue présents ce dimanche 17 mars (mélangés depuis la naissance suite au décès de la mère des bouledogues, assure l’éleveuse) ne devraient participer qu’à quatre matinées de yoga.

Après ça, ils iront dans leurs familles d’adoption et seront remplacés par d’autres chiots venant de différents élevages. Car l’activité n’est pas prête de disparaître. Pas de quoi ravir la FBB, qui continue d’affirmer que « c’est un attrape-couillons (sic)«  et espère que « l’effet de mode » passera aussi vite qu’il est arrivé.

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