Près de Bagnoles de l'Orne Normandie, le dernier élevage de visons en France sur le point de fermer
Depuis le 1er décembre 2021, l'élevage d'animaux pour leur fourrure est désormais interdit en France. A Rives d'Andaine (Orne), Visons Fléchard va devoir fermer ses portes.
Promulguée le 30 novembre 2021, la loi visant « à lutter contre la maltraitance animale et conforter le lien entre les animaux et les hommes » a été publiée au Journal officiel du 1er décembre 2021.
Il est mis fin, notamment, aux élevages de visons d’Amérique et d’autres espèces sauvages pour leur fourrure (le vison d’Europe étant déjà protégé).
« Etant donné le contexte de ces derniers mois, on s’y attendait un peu », confie Guy Fléchard, à la tête de la laiterie Fléchard dont dépend l’élevage de visons, créé en 1987 au lieu-dit l’Etre-Guérin à La Chapelle-d’Andaine, commune historique de Rives d’Andaine.
34 ans d’activité
« A l’époque, nous avions encore une activité de volailles et nous destinions les sous-produits de l’abattoir à un élevage de porcs qui a dû être fermé pour des causes de nuisances avec le voisinage, raconte Guy Fléchard. Nous avons donc cherché une autre solution pour valoriser ces sous-produits, et ils ont donc servi depuis à alimenter les visons d’Amérique de notre élevage ».
Pour mémoire, les débuts de l’élevage de visons d’Amérique pour leur fourrure en France remontent à 1926. Dans les années 1960, le territoire national comptait près de 300 fermes d’élevage de visons (source centre national d’information sur la fourrure).
A La Chapelle-d’Andaine, l’éleveur Alain Desvaux a produit jusqu’à 25 000 peaux par an.
C'était des produits de qualité, mis en vente à travers une bourse, à destination des pays du Nord comme la Finlande et le Danemark
Dans le viseur
Mais ces dernières années, ces élevages ont été pointés du doigt à plusieurs reprises. Les mouvements animalistes les ont remis en cause, dénonçant de la maltraitance.
Ainsi, en septembre 2019, l’association One Voice diffusait deux vidéos « pour alerter l’opinion sur les conditions d’élevage des visons d’Amérique » en France, et notamment dans l’Orne. Un an plus tard, Barbara Pompili, ministre de la transition écologique, annonçait la fin de l’élevage des visons d’Amérique pour leur fourrure d’ici 2025.
Peu de temps après, à l’automne 2020, la profession était à nouveau dans le viseur avec des suspicions de transmission du virus du covid aux visons.
« Notre élevage respectait le label Welfur, qui nous avait amenés voilà trois ans à réduire de moitié notre activité avec des cages plus grandes afin que les animaux aient plus d’espace, rappelle Guy Fléchard. S’agissant du covid, les contrôles vétérinaires ont montré que nous n’avions pas d’animaux malades ».
Une époque révolue
Depuis, les choses se sont accélérées. Sur les quatre derniers élevages en France, trois ont cessé leur activité. Et en octobre dernier, la décision du Sénat de supprimer le délai pour l’interdiction a été le couperet final pour l’élevage de La Chapelle-d’Andaine.
« C’est dommage pour les personnes qui se sont investies sur ce site depuis plus de 30 ans, regrette Guy Fléchard. Mais c’est ainsi. C’est une époque révolue. Le dernier abattage saisonnier est en cours et nous allons fermer d’ici la fin de l’année. L’éleveur va être reclassé dans notre laiterie. Nous allons réfléchir à ce que nous allons faire des bâtiments ».
Si cet élevage ne représentait qu’une infime part du chiffre d’affaires de la société Fléchard (300 000 € sur 250 millions), pour autant le dirigeant va réclamer des compensations financières. « Nous sommes en discussion actuellement avec les représentants de l’État pour évaluer le préjudice et le coût de l’arrêt de notre activité » conclut Guy Fléchard.
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