filmographie
"Brigitte Bardot, l'insoumise", un doc en face-à-face avec une icône absolue du 20ème siècle
"Elle a le premier des talents : elle est belle." Ces mots du réalisateur Claude Autant-Lara claquent avec une rare violence, mais ils résument bien ce que Brigitte Bardot a dû endurer pendant sa carrière d'actrice. Ce film le rappelle, elle commence à tourner très jeune au cinéma, malgré les réticences de ses parents, partisans d'une éducation très stricte.
Il faut dire que nous sommes au début des années 1950, mais Brigitte Bardot a déjà soif de liberté : elle échappe au carcan familial et sa plastique attire déjà l'œil des réalisateurs, au premier rang desquels le chaud lapin Roger Vadim, qui deviendra vite le premier de ses quatre maris.
Elle devient une star mondiale grâce à une scène de danse culte dans son premier film Et Dieu… créa la femme (1956), ce qui fait dire à certains commentateurs de l'époque que "Brigitte Bardot fait passer Marilyn Monroe pour un homme" (très élégant).
À partir de là, celle qui est désormais un sex-symbol et une icône perd le contrôle sur sa vie, et elle le raconte très bien à Mireille Dumas cinq décennies plus tard. À l'époque, Brigitte Bardot ne s'appartient plus, elle est une célébrité dont les moindres faits et gestes sont traqués par les paparazzis, et elle subit au quotidien les remarques épouvantables de la presse sur sa vie privée et son travail d'actrice.
En collectionnant les amants et les maris, elle devient malgré elle un symbole de la révolution sexuelle et de la libération des femmes. Oui mais voilà, comme elle le rappelle à Mireille Dumas, Brigitte Bardot n'a jamais voulu incarner la révolution féministe. Au fond d'elle, on sait qu'elle est une femme plutôt très conservatrice et qu'elle ne veut pas se libérer du patriarcat.
Et elle ne s'en cache pas, revendiquant d'avoir toujours besoin de l'amour d'un partenaire pour s'épanouir dans sa vie. Elle ose confier qu'elle est devenue mère trop jeune et qu'elle n'était pas prête à faire face aux responsabilités, elle qui se qualifie encore de grand enfant incapable de se débrouiller seule.
Pendant qu'elle est harcelée dans sa vie privée – au point de tenter de se suicider pour échapper à la dépression, ce qu'elle évoque très ouvertement dans le film –, Brigitte Bardot est baladée entre quelques rôles très importants (comme Le Mépris de Jean-Luc Godard) et des films qu'elle qualifie elle-même de mauvais.
Elle finira par faire ses adieux au cinéma en 1973 à 39 ans, préférant lâcher la rampe elle-même avant qu'on ne l'appelle plus. Clairvoyante, Bardot a déjà bien compris à l'époque qu'on ne pardonne pas aux actrices de vieillir.
Elle refuse de faire appel à la chirurgie esthétique et retrouve un peu de tranquillité, mais la transition est violente. Heureusement, elle trouve vite ce qui deviendra le combat de sa vie, la défense des droits des animaux. Sur ce point, il est incontestable que Brigitte Bardot a été avant-gardiste : lorsqu'elle prend la défense des bébés phoques en 1976, elle est moquée comme jamais et attaquée de tous les côtés, notamment par les chasseurs.
Elle rappelle dans le film toutes les insultes qu'elle continue de recevoir pour cet engagement, mais Brigitte Bardot n'en a que faire : elle vit aujourd'hui avec ses animaux recueillis dans sa résidence de la Madrague, loin du luxe opulent qu'elle dit exécrer. Comme elle le dit dans les dernières minutes du documentaire : "Les animaux s’en foutent que j’ai vieilli, ils m’aiment quand même." Elle a bien raison : ce n'est sûrement pas Claude Autant-Lara qui en dirait autant.
LE MÉPRIS : TOTALEMENT, TENDREMENT, TRAGIQUEMENT
« Il y a Brigitte Bardot et Michel Piccoli…Et Jack Palance et Georgia Moll…Et Fritz Lang »….Le générique parlé du Mépris commence sur fond de travelling où l’on voit la caméra de Raoul Coutard qui avance en partant du fond du plan et on se trouve déjà au cinéma puissance mille… Ce générique a été repris en intégralité, paraît-il, par l’émission cinéphilique de Frédéric Mitterrand, Etoiles et toiles, à l’époque où elle concurrençait plus ou moins celle d’Anne Andreu, Michel Boujut et Claude Ventura, Cinéma Cinémas. Ceci explique à quel point Le Mépris est l’un des plus beaux films sur le cinéma et son générique, accompagné par la musique sombre et vénéneuse de Georges Delerue, représente presque à lui seul l’amour du cinéma, avec cette phrase apocryphe d’André Bazin, qui appartient en fait à Michel Mourlet : « le cinéma substitue à notre regard un monde qui s’accorde à nos désirs« . Il suffit à Godard de rajouter à la suite de cette phrase : « Le Mépris est l’histoire de ce monde », pour que le long métrage prenne d’emblée une dimension symbolique et mythique.
L’écrivain-scénariste Paul Javal mène une vie heureuse avec sa femme Camille. Le célèbre producteur américain Jeremy Prokosch lui propose de travailler à une adaptation de l’Odyssée, réalisée par Fritz Lang à Cinecittà. Le couple se rend alors sur les lieux et rencontre l’équipe du film. Prokosch fait bientôt des avances à Camille sous les yeux de Paul. Cette tentative de séduction va sonner le glas de leur couple…
Godard, en filmant des statues grecques ou romaines sur fond de ciel bleu ou de Méditerranée, donne toute une dimension lyrique et symbolique à son oeuvre, au départ un drame de la jalousie, ou plutôt de la non-jalousie.
Si Le Mépris, adapté d’un roman d’Alberto Moravia, est l’une des plus belles évocations du cinéma, « una invenzione sine avenire« , il ne s’inscrit pourtant pas parmi les hommages trop louangeurs vantant le plaisir collectif du travail en équipe, tel La Nuit Américaine de François Truffaut. Non, Le Mépris n’occulte pas ce qui se trouve souvent au centre du travail cinématographique : la beauté de l’art, le sexe et l’argent. Godard en fait justement le sujet de son film, comment l’art parvient à survivre au milieu de facteurs aussi disruptifs que le sexe et l’argent? Contrairement à des hommages enjoués dans le style de Chantons sous la pluie, le film de Godard se situe plutôt du côté de Prenez garde à la sainte putain de Rainer Werner Fassbinder, où le tournage n’a pas grand’chose d’agréable et le metteur en scène s’avère quasiment despotique. Ce qui s’impose pourtant, c’est la beauté sublime des images du film dans cette version restaurée, permettant au bleu du ciel et de la Méditerranée d’illuminer chaque plan par leur magnificence. Une luminosité qui est pour beaucoup dans le fait que Le Mépris est l’un des plus beaux Godard, aimé et respecté y compris par les détracteurs de JLG.
Ce film de Godard, on le retrouve a minima dans trois autres immenses films. Tout d’abord dans L’Important c’est d’aimer d’Andrzej Zulawski, où le Polonais tourmenté a également fait appel aux services de Georges Delerue pour livrer une musique sombre et tortueuse, illustrant les déboires d’un couple déséquilibré où, d’après le même schéma scénaristique, la femme finit par mépriser le mari. Ensuite dans Casino de Martin Scorsese où l’Italo-américain frénétique réutilise le thème de Camille dans cette histoire de couple désaccordé où l’épouse trompe le mari avec son meilleur ami. Enfin, dans Mulholland Drive où David Lynch a réparti sur deux personnages les personnalités de la brune et de la blonde que Camille Javal incarnait toute seule au moyen d’une perruque. Notons qu’il n’est sans doute pas innocent que les deux films se terminent exactement par le même mot, Silenzio, renvoyant au silence des plateaux de tournage ou à celui définitif de la mort.
Sans forcer du tout la métaphore, Godard, en filmant des statues grecques ou romaines sur fond de ciel bleu ou de Méditerranée, donne toute une dimension lyrique et symbolique à son oeuvre, au départ un drame de la jalousie, ou plutôt de la non-jalousie. Godard met ainsi en parallèle l’histoire de Paul et Camille Javal et celle d’Ulysse et de Pénélope dans L’Odyssée que Paul adapte dans le film existant au sein du Mépris, le producteur Jérémy Prokosch (Jack Palance) prétendant que Pénélope a été fondamentalement infidèle à Ulysse, ce qui pourrait expliquer le temps qu’il a mis pour revenir à Ithaque. Dans le film, Ulysse-Paul pousse quasiment sa femme Pénélope-Camille dans les bras de Prokosch, par intérêt, pour se faire bien voir du producteur et avoir une augmentation de salaire pour son travail de scénariste. Dans Le Mépris, Godard essaie de comprendre comment une personne peut en aimer une autre et en quelques secondes, décider de le mépriser. Cela se joue à quelques secondes près et une poignée de regards boudeurs de Bardot. Quelques simples plans de Méditerranée et de statues grecques suffisent à Godard pour donner à son film une résonance mythique, en étant bien aidé par la sublime musique de Georges Delerue, l’une des plus belles bandes originales de toute l’histoire du cinéma.
Le Mépris, serait-il le plus beau des Godard? Peut-être mais 1) bien que commençant en trombe par ce fameux générique, puis la scène du lit avec Bardot et Piccoli, et le travelling à Cinécitta, il s’étiole légèrement dans sa partie centrale dans la villa, partie un peu trop longue mais fondamentale, avant de reprendre brillamment dans sa dernière demi-heure où Godard tutoie de toute évidence l’éternité. 2) Pierrot le fou, deux ans plus tard, fera au moins aussi bien sinon mieux, jouant la virtuosité du montage fragmenté contre l’amplitude des plans-séquences, et ne souffrant guère de problèmes de rythme. 3) Quoi qu’il en soit, ces deux chefs-d’oeuvre font d’ores et déjà partie des plus beaux films de l’histoire du cinéma, à côté d’autres films de Godard comme Vivre sa vie, A bout de souffle, Une Femme mariée, Sauve qui peut (la vie) ou Nouvelle Vague.
Et si on évoque ces statues grecques, on peut souligner que Bardot est justement filmée dans Le Mépris comme une statue grecque, sans une once de pornographie, mais avec au contraire tous les égards dus à sa beauté, avec sobriété et pudeur. Cela rend absolument inopérante et stérile cette maladroite tentative de Cancel culture, en 2019, lorsque, aux Beaux-Arts de Marseille, une projection du Mépris a été interrompue par des étudiantes qui ont débranché le projecteur au motif que Godard se rendait coupable de male gaze. Dans Le Mépris, au contraire, Jean-Luc Godard contemple ses personnages du point de vue de la beauté et de l’éternité. Vouloir arrêter la projection d’un aussi beau film, c’est non seulement un acte de censure mais surtout de censure complètement infondée. On ne censure pas la beauté.
RÉALISATEUR : Jean-Luc Godard NATIONALITÉ : franco-suisse GENRE : drame AVEC : Brigitte Bardot, Michel Piccoli, Jack Palance, Giorgia Moll, Fritz Lang DURÉE : 1h45 DISTRIBUTEUR : Carlotta Films SORTIE LE Prochainement
C’était en 1963 … la sortie du Mépris de Jean-Luc Godard
Pour ses 60 ans, Le Mépris de Godard a été projeté le 17 mai à Cannes.
Mercredi 17 mai, le film culte du cinéaste a été sélectionné dans la catégorie Cannes Classics et projeté en version restaurée 4K. Drame moderne sur fond de tragédie antique, Le Mépris est aujourd’hui considéré comme un des plus grand films du cinéma français. Godard nous ayant quittés en septembre dernier à l’âge de 91ans, malgré une relation compliqué avec le festival, il est célébré à titre posthume.
Après avoir été révélée grâce à des longs-métrages comme Une femme est une femme ou A bout de souffle, avec ce sixième film, la figure emblématique de la Nouvelle Vague rêve d’accomplir son fantasme du “ film hollywoodien à 5 millions”. Avec Le Mépris, Jean-Luc Godard impose sa révolution : il introduit la couleur, le format Scope, et fait jouer l’icône mondiale Brigitte Bardot.
Le tournage a lieu entre les célèbres studios de Cinecittà à Rome et Villa Malaparte à l’est de Capri.
Godard décrit son film comme étant “un film simple sur des choses compliquées“. Adapté du célèbre roman d’Alberto Moravia, Le Mépris parle de cinéma, d’amour et de malentendu et raconte l’effondrement du couple formé par Paul (Michel Piccoli), un scénariste chargé de terminer l’écriture d’une adaptation de l’Odyssée (le film de Fritz Lang ndlr), et de sa femme Camille, (Brigitte Bardot). Brusquement, Camille se détache de son mari et commence à le mépriser.
Godard a par ailleurs son propre rôle, il incarne un assistant de Fritz Lang (réalisateur de L’Odyssée).
LE MÉPRIS de Jean-Luc Godard
Sur le tournage, les relations entre le réalisateur et Brigitte Bardot sont houleuses. Godard se montre tyrannique et agressif avec ses acteurs. Il les fait jouer sans leur donner de véritables indications. Jack Palance, excédé, jette même une bobine de film à Godard. Non prévu dans le scénario, la séquence est cependant conservée par le réalisateur.
Si Le Mépris fut un échec à sa sortie en salles en 1963, par la suite il est devenu l’un des films cultes du cinéma français. Aujourd’hui considéré par plusieurs grands noms du cinéma (comme Tarantino), comme l’une des références absolue du 7ème art, ses films sont d’ailleurs souvent cités dans d’autres œuvres.
Si cette année Godard a été célébré à titre posthume, le réalisateur a cependant toujours eu une relation tumultueuse avec le festival. Il a longtemps été frustré et en colère, et pour cause, il n’obtient sa première sélection pour Cannes qu’en 1980, 20 ans après A bout de souffle. Quelques années plus tard, le cinéaste reçoit une tarte à la crème pendant la projection de son film Detective. Heureusement, il réagit avec humour en se léchant les babines. En 2010, attendu sur la Croisette après que son long-métrage Film Socialisme aie été sélectionné, il fait pourtant faux bonds au festival à la dernière minute avec pour motif : “la crise économique grecque”. Plus les années passent plus Godard se fait rare. En 2014, il annonce une nouvelle fois, cette fois ci dans un message vidéo, son intention de rester chez lui “par esprit de contradiction”.
Le Mépris ressortira dans les salles de cinéma le 24 mai prochain…
Cannes 2023 : quand Brigitte Bardot choquait la Croisette en “petite tenue”
À Cannes, le spectacle est toujours sur le tapis rouge, parfois ailleurs sur la Croisette. Brigitte Bardot a créé l'émoi lors de son tout premier festival en posant en bikini...
Chaque année depuis plus de 75 ans, les stars du grand écran se réunissent à Cannes pendant une dizaine de jours. Le festival de Cannes attire les plus grandes célébrités du monde entier. Les montées des marches à l’occasion des cérémonies d’ouverture et de clôture, ainsi que des projections des films donnent lieu à des défilés de haute couture extraordinaire et à des robes inoubliables. Certaines stars osent parfois des tenues très osées, risquant même l’accident de robe malencontreux. Mais le spectacle est parfois ailleurs que sur le tapis rouge. En 1953, une jeune actrice a fait le buzz, et a choqué les festivaliers, il s’agit de Brigitte Bardot.
La jeune actrice pose en bikini sur la plage du Carlton de Cannes. Elle expose ainsi son nombril, une posture jugée scandaleuse pour l’époque. Brigitte Bardot a 18 ans à peine, c’est une étoile montante du cinéma français, promise à un destin d’icône du glamour qu’elle ignore encore. Elle n'avait pas encore changé sa couleur pour adopter le blond platine qui est devenu sa marque de fabrique. 3 ans plus tard, elle sera la star de Et dieu créa la femme, et Hélène de Troie. 10 ans plus tard, elle chamboulera le cinéma avec son rôle dans Le Mépris. La série de photographies de l’actrice sur la plage font en tout cas les choux gras de la presse. Kirk Douglas qui a été immortalisé sur le sable cannois aux côtés de la jeune actrice s’était d'ailleurs fendu d’un commentaire entré dans l’histoire : “I have never seen one of these before…” en voyant Brigitte Bardot arborer son bikini à motif fleuri.
Brigitte Bardot : Nouveautés dans mes collections (2ème partie)
Photo n et b de presse Brigitte Bardot 29,7cm x 21cm émission Les dossiers de l'écran le 21 12 1980 (tampon de presse et autres au dos)
Photo n et b de presse 20cm x 30cm Brigitte Bardot Emission au pied du mur en 1975 (tampon de presse au dos et autres)