Brigitte Bardot...DVD "Bardot la méprise"
Brigitte Bardot...DVD "Bardot la méprise"...sortie en DVD
Documentaire auquel j'ai participé de très près, certain blogs ou sites oublie de le souligner, ce n'est pas grave, j'ai l'habitude...
Bruno Ricard
L'EUPHORIE ET LA MÉLANCOLIE Brigitte Bardot
Propos recueillis par Sylvie Dauvillier : Source : Cliquez ICI
Comment a débuté ce projet sur Brigitte Bardot ?
David Teboul : Gaumont me l’a proposé et j’ai accepté avec enthousiasme. J’avais envie de réaliser un film sur sa légende, au-delà du stéréotype auquel elle est associée, et de raconter la manière dont elle est entrée dans l’histoire du cinéma, en y mêlant la sienne. Je voulais qu’il prenne la forme d’un dialogue entre elle, personnage de fiction se livrant dans ses Mémoires - dits par Bulle Ogier -, et le cinéaste amoureux que j’étais. Car Bardot a occupé mon enfance et mon adolescence, et nourri mon imaginaire érotique. Quand j’avais 7 ans, mes parents m’ont offert un album, Brigitte Bardot, amie des animaux que je feuilletais tous les soirs. J’étais fasciné, tant par les grands mammifères que par la femme qui s’en approchait. En cette fin des années 1970, on voyait peu ses films. Puis j’ai grandi, aimé le cinéma, et, en découvrant Le mépris de Godard, j’ai à nouveau éprouvé un choc.
Qu’aviez-vous envie de montrer du personnage ?
Derrière l’euphorie, la profonde mélancolie qui traverse Bardot et qu’a su révéler Godard. Il a saisi quelque chose de très intime chez elle. Car en la débarrassant de tous les artifices, il l’a transfigurée. Je voulais aussi montrer sa part d’enfance, omniprésente, qui explique ses liens avec les animaux. Son désintérêt enfin pour le cinéma - cette manière de vouloir à tout prix contrarier son destin d’actrice - m’a beaucoup intéressé, comme le fait qu’elle soit passée à côté de la Nouvelle Vague, tout en l’inspirant. Aujourd’hui, Bardot est très loin du cinéma, et en même temps, elle vit totalement dans sa légende, entourée de photos d’elle et de reproductions de magazines, dans ce rapport d’amour-haine qu’elle n’a jamais cessé d’entretenir avec son image.
Comment s’est passé le contact avec elle ?
Après un premier rendez-vous manqué, j’ai été extrêmement bouleversé quand je l’ai rencontrée, une seule fois, à Saint-Tropez. Elle s’est alors beaucoup protégée et il a fallu la convaincre. Mais elle m’a dit quelque chose d’extraordinaire : "En ne voulant pas être dans votre film, je vous fais un cadeau." J’ai compris qu’il fallait que je construise le récit sur cette absence. Elle m’a, en revanche, laissé libre accès à ses maisons de La Madrague et de La Garrigue, comme à toutes les archives de son père. Et dans ce décor qu’est son intérieur, j’ai eu le sentiment de replonger dans les années 1960, avec une sorte d’étrangeté. Le tout constituait la matière cinématographique d’un film sur un fantôme vivant, sur le présent d’un passé. La tension du film repose sur une incertitude : on a le sentiment qu’elle peut surgir à tout moment.
Les images tournées par son père recèlent des trésors…
Son père aimait le cinéma, et l’a filmée depuis ses premiers jours jusqu’à ses 15 ans. Après avoir cherché à se dérober, Brigitte se tourne vers la caméra vers l’âge de 7 ans pour en devenir prisonnière. Magnifiques, ces images montrent une petite fille de la grande bourgeoisie, pas spécialement jolie, sa sœur cadette, et surtout une mère, belle, élégante et froide, qui va énormément compter dans sa vie et avec laquelle elle va entrer en concurrence. On voit aussi comment la danse lui permet de fuir l’univers familial et de s’émanciper, même si le cinéma la rattrape à travers son désir pour Vadim. Et ce gourou, dont elle est amoureuse et qui la désinhibe, réalise Et Dieu créa la femme, un accident qui deviendra le phénomène que l’on sait.
Vadim, Trintignant, Sami Frey entre autres… Brigitte Bardot n’a-t-elle pas été d’abord une grande amoureuse ?
Absolument. Brigitte Bardot a toujours privilégié ses amours au détriment de son métier. Elle vit dans l’instant de ses passions. Dévorée par le désir, elle croit aimer, mais s’ennuie très vite. D’où cette course impossible qui la conduit en permanence de l’euphorie au désenchantement, d’extases en déceptions. Enfermée dans cette insatisfaction, elle est incapable de construire. Le film s’achève sur la passion qu’elle éprouve pour Gainsbourg. Une belle histoire, comme le dernier train qui aurait pu l’emmener ailleurs et lui permettre d’échapper à ses démons, ces dieux de l’inconscient.
Comment expliquez-vous son insolente liberté pour l’époque ?
Elle tient essentiellement à son rapport naturel au corps, qui n’existe alors chez aucune autre actrice de sa génération. Bardot est une conservatrice transgressive, d’où la puissance qui émane d’elle.