Depuis un partenariat signé en mars 2010 avec Luc Chatel, alors ministre de l’éducation nationale, les fédérations de chasseurs peuvent intervenir dans les classes. Objectif : contribuer à
l’éducation au développement durable et à la nature.
Elles ont pris François
Hollande au mot. Dans une lettre ouverte dont leparisien.fr a obtenu une copie, plusieurs associations de défense de la cause animale, dont la SPA et la fondation Brigitte Bardot, rappellent au
président de la République ses
récents propos sur la neutralité politique au sein des établissements scolaires.
Dans le cadre du débat sur «le mariage pour tous», François Hollande s’était ainsi exprimé sur «les principes d’impartialité, de neutralité et de laïcité» dans «tous les établissements relevant
du service public».
Cette règle, selon lui, ne souffre «aucune exception.»
Une règle que ces associations souhaitent donc voir appliquée à la chasse. Car depuis un partenariat signé en mars 2010 avec Luc Chatel, alors ministre de l’éducation nationale, les fédérations
de chasseurs peuvent intervenir dans les classes. Objectif : contribuer à l’éducation au développement durable et à la nature. «Si les écoles doivent rester, comme nous le croyons nous aussi, des
lieux d’impartialité, il n’y a aucune raison pour que les chasseurs viennent recruter dès l’école pour initier au plaisir de tuer des animaux, et surtout pour maintenir leurs effectifs afin de
conserver leur influence politique», dénonce le collectif.
Concrètement, les établissements, et les enseignants qui le souhaitent, peuvent faire appel aux chasseurs, par exemple, en vue de préparer une sortie en forêt. Beaucoup de fédérations de chasse,
notamment en Ile-de-France, ont ainsi investi dans des sentiers pédagogiques, et peuvent présenter également des animaux empaillés, afin que les enfants apprennent à les reconnaître. «De plus en
plus d’établissements font appel à nous, confirme Pierre De Boisguilbert, porte-parole de la fédération nationale des chasseurs. D’une part, nous sommes agréés par les ministères, et cette
sensibilisation fait partie de nos missions statutaires. D’autre part, nous nous interdisons de faire du prosélytisme.»
Ce n’est pas l’avis des associations de défense de la cause animale, qui pointent du doigt le «matériel pédagogique» parfois utilisé : «un chien de chasse virtuel, dénommé Cartouche», ou «des
personnages enfantins vêtus de jaquettes de chasse et munis de cors, ce qui montre bien le contenu orienté de ces «cours». Pour Pierre de Boisguilbert, ces attaques sont «une vieille rengaine des
associations anti-chasse.» «Rien n’oblige les enseignants à faire appel à nous, et d’autres associations sont également agrées pour parler d’écologie dans les écoles.»
Les associations, elles, n’en démordent pas. «Ne conviendrait-il pas de mettre une limite à la défense des intérêts particuliers et à la propagande des lobbies ?», interrogent-elles. Elles
demandent purement et simplement «l’abolition de ce privilège», et «l’annulation dès à présent du droit des chasseurs à faire du prosélytisme dans les écoles.»
Source :
Le Parisien